Derniers feux parisiens
En vrac, quatre lieux visités la semaine dernière par le taulier et sa femme. On commence par le Musée de la vie romantique/hôtel Sheffer-Ronan et quelques captures d’écran en provenance du site de l’institution
L’entrée se fait par la rue Chaptal, sous les frondaisons à gauche
C’est au fond de l’allée
L’expo de cet été ne casse pas trois pattes à un canard, mais l’endroit est charmant et plein de surprises
Miranda et Ferdinand ont mal orienté leur échiquier... ça commence bien ! (il faut que la case en bas à droite de chaque joueur soit blanche)
Cet encrier porte une inscription dont j’aimerais connaître la raison : « Tout ou Rien »
Jolie buvette dans un petit jardin garni d’une demi-douzaine de tables.
La suite de l’exposition se déploie sur deux niveaux (dont un sous-sol) dans un autre bâtiment ; tout est un peu étroit et riquiqui, mais bon...Oui, une hostie peut vous faire évanouir de bonheur (comme une pure tache de peinture blanche)...
Cette petite gravure a justifié à elle seule notre déplacement : le jeu de lumière que regarde Jeanne d’Arc est troublant.
Nous nous garons le long du Palais Galliera et entrons dans le Musée d’Art moderne
Nous sommes là surtout pour le film « August » d’Omer Fast (cf. ici, tout à la fin).
Hélas, il nous a fallu dix minutes pour comprendre que n’étions pas au bon endroit, ni les seuls à avoir été abusés par cet avis à Beaubourg :
En fait, le « Musée national d’art moderne » est le Centre Pompidou, alors que le « Musée d’art moderne » est le musée où nous avons atterri par erreur. Ce dernier est d’ailleurs « municipal » et pas « national » comme il nous fut expliqué sur place.
Qu’à cela ne tienne, nous faisons contre mauvaise fortune bon cœur et nous fendons de deux entrées pour Eugène Leroy (malgré les réticences du taulier, qui ne « sentait pas trop » cette expo temporaire). À juste titre... Vous avez vu un Leroy, vous les avez vus tous (on exagère à peine, on vous laisse googler image) – Philippe Dagen n’est pas de cet avis (article réservé aux abonnés, ici). Voici un autoportrait dudit :
Quelques jours plus tard, l’expo Leroy fermait pour « dysfonctionnement électrique « (voir la grande illu bleuâtre, en haut à droite, ci-dessus, sous Jeanne d’Arc). On se promène donc dans les collections permanentes – toujours renouvelées et intéressantes. Nous sommes d’abord accueillis par un hommage à Jimmie Durham sous forme d’une vidéo célèbre de l’artiste – celle où il pulvérise (à l’aide d’un gros caillou) les objets successifs que le public lui présente – avec remise d’un certificat dûment daté, tamponné et signé. Qu’est-ce que c’est drôle !
Une autre vidéo, signée Sturtevant, est visible un peu plus loin ; elle y stigmatise le « verdissement » des USA.
Cette vidéo de deux minutes est hideuse... à dessein, je pense !
La Seine à travers une vitre du musée
Sortie des jardins du palais Galliera
Cette attitude m’a remis en mémoire Ibrahimovic, vu la veille à Beaubourg
Je photographie systématiquement désormais tout ce qui peut évoquer les maths (afin d’illustrer de futurs articles sur le sujet ?)
J’aime les kayaks depuis toujours. Ça a commencé quand j’avais dix-douze ans au 111 Floride, dans la maison de mes grands-parents, où Jacques et Robert (les frères de ma mère) s’étaient mis à fabriquer au fond du garage des kayaks en résine et fibre de verre. Les produits utilisés brûlaient les poumons mais avaient une odeur fascinante, « chimique », jamais sentie auparavant – un délice ! Ces kayaks étaient destinés à remplacer ceux en bois que la famille utilisait « depuis toujours » pour descendre l’Ourthe, la Lesse, la Semois (ils pesaient bonbon). Me tombèrent sous les yeux ensuite la barque de L’Île des morts de Böcklin puis les travaux de Peter Doig. Le pli était pris (je crois que j’ai déjà raconté tout ça sur ce blog – mais il est trop fourni et mal organisé, je ne retrouve rien – malgré le moteur de recherche, that's life!-)
L’artiste Jofroi Amaral a même utilisé un kayak comme instrument de travail (dans une expo chez Société sur laquelle je reviendrai) ! Ci-dessus la « peinture » et son « pinceau ». Quant aux oulipiens, ils savent bien que le mot kayak se retourne.
Ceal Floyer est un grand conceptuel, depuis longtemps – je ne connaissais pas son impeccable flaque de peinture (et de lumière)
Une vidéo où disparaît une phrase autoréférente de façon incompréhensible (par moi) ; je n’ai malheureusement pas noté son auteur
Un nu et un « Jouy » (qui se lit presque dans Foujita)
On part pour la MEP
Immense déception que cette expo Love Song, consacrée à la « photographie de l’intime » – sujet casse-gueule s’il en est (car que dire d’universel qui ne soit gnangnan quand on prend des photos de son/ses partenaire(s) dans la vie de tous les jours, sans arrière-pensées présumées de diffusion/publication ?) Araki, Larry Clark, Nan Goldin, Leigh Ledare, Hervé Guibert ou Alix Cléo Roubaud n’émeuvent plus ni ne font plus réfléchir tellement leurs images ont été montrées partout dans des dizaines de contextes. Voici la présentation de l’expo que fait la MEP :
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S’inspirant de la « Ballade » de Nan Goldin (“The Ballad of Sexual Dependency”, 1986), Love Songs est conçue comme une compilation musicale que l’on offrirait à un amant. La première partie de l’exposition – la face A – est composée de séries des années 1950 à 1990. La deuxième partie – la face B – présente des images des années 1980 à aujourd’hui.
Tout au long du parcours, les images invitent à découvrir une multitude d’histoires intimes et une diversité de schémas amoureux. Premiers jours d’une relation, mariage et lune de miel, petits bonheurs domestiques mais aussi douleur de la séparation ou derniers jours partagés avec l’être aimé… l’intimité captée par l’objectif est ici révélée dans toute sa poésie et toute sa franchise.
Love Songs est avant tout une réflexion sur l’essence même de la photographie. Si l’appareil photo est souvent associé à une quête d’objectivité, il est utilisé depuis toujours pour capturer ce qui est subjectif et qui échappe à tout consensus. Nous ne saurions nous accorder sur ce qu’est l’amour ou ce à quoi il doit ressembler, sur la façon dont il nous transforme ou nous fait voir le monde. Il n’en reste pas moins le sujet de certaines des œuvres photographiques les plus importantes et bouleversantes du siècle dernier.
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... Moins de bouleversements, please, et plus d’inventivité !
Karla Hiraldo Voleau rachète l’expo, heureusement, par le contrepied qu’elle propose – soit une artificialisation totale de « l’intime », une re-création cynique et drôle d’une histoire qui lui est arrivée, bravo ! Nous citons encore la MEP :
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Another Love Story a pour origine une histoire personnelle. L’artiste y présente une série de photographies et de textes qui reconstituent et rejouent les derniers mois de sa relation amoureuse avec un homme avant la découverte de la double vie de celui-ci. Que faire lorsque l’on se retrouve dépossédé de son histoire ? Karla Hiraldo Voleau décide de se réapproprier ce récit, en rejouant différents moments de leur liaison. Elle reproduit, à l’identique, les clichés réalisés dans le cadre intime de son couple avec l’aide d’un modèle, sosie de son ancien compagnon, qu’elle engage pour le projet.
Dans Another Love Story, l’artiste propose une réflexion sur le médium photographique comme outil fictionnel et s’intéresse à la mise en scène du sentiment amoureux. Ici, l’image échoue à capturer la vérité d’une relation et se plie au désir d’exposer le sentiment amoureux qui demeure, finalement, insaisissable.
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La « vérité d’une relation » et « l’insaisissable du sentiment amoureux » – la MEP n’a pas peur des clichés en bromure d’argent massifs...
J’ai rephotographié ce « 51 rue des Francs-Bourgeois, Paris » car c’est presque l’adresse où nous avons déjeuné hier (avant-hier ?) Le mot « fulgurante » du cartel ci-dessus me semble impropre (« brève » aurait dénoté sans tirer vers le pathos – l’artiste est morte à 31 ans).
Encore deux Alix Cléo Roubaud – dont un « cadre dans le cadre » qui fonctionne toujours...
La photo ci-dessus me fascine, je l’ai mise là comme ça, pour m’inciter à en retrouver l’auteur.trice ainsi que le contexte de sa « production ».
Deux ouvrages en vente au « Gift Shop » de la MEP – ils dessinent un pli.
On continue avec La Couleur en fugue et Hantaï (chez Vuitton)
[Arnault – paie tes impôts toi aussi ! et tes certificats carbone !-]
Symboles mystico-mathématiques – toujours bons à prendre
Il est temps de rentrerCeci est une « panse » – et comme je n’en ai plus (gastrectomie du 10 décembre dernier, le taulier ne s’en porte plus mal), je traîne dans cette pièce. La proximité du mot avec « pense » me titille : panse/pense, ce sont les tripes et le cerveau – que l’on oppose généralement... Je suis sûr qu’Hantaï (entailles ?) y a réfléchi. Et puis le tandem e/a est celui de mes initiales (le lecteur s’en bat le coquillard).
Panse/dépense... Ok, j’arrête !
L’expo « La Couleur en fugue » présente cinq œuvres de cinq artistes – quelques-unes figurent ci-dessous, mais pas les coups de pinceaux numéro 50 de Niele Toroni qui ne laissent de marbre depuis longtemps. Le B de BMPT s’est renouvelé, au moins.
Katharina Grosse se lâche...
... elle permet des photographies jouant sur l’échelle – que les magazines d’art ont reproduites partout tellement l’œuvre in situ est spectaculaire
Nous n’avons pas photographié la pièce dévolue à Megan Rooney – qui nous a laissé de glace malgré son titre (« With Sun »), ni les autres œuvres de Steven Parrino, bien connues.
Félicitons tout de même la Fondation Vuitton pour ses micro-visites passionnantes et bien fichues (je cite le site : « Les micro-visites, disponibles en français et anglais, sont l’occasion de découvrir progressivement l’exposition en compagnie d’un médiateur culturel, à expérimenter en solo ou à plusieurs. Tous les jours, toutes les 30 minutes de 11h30 à 19h, dès 10h30 le week-end et jusqu'à 20h le vendredi ».
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