(le Jour #1 est ici, le #2 là)
Aujourd’hui cool, dernier jour à Paris, le Thalys est
à 19:30 et on a le temps de glander. Le taxi nous dépose en plein Marais, nous
montrons patte blanche (lire passe Covid belge) à toutes les
terrasses et dans toutes les boutiques. C’est simple comme bonjour, il n’y a
pas de quoi (trop) crier au piétinement (des libertés individuelles). Uniqlo et
Muji sont d’accord.
On décide d’aller déjeuner au Georges, sa terrasse,
son service stylé (les garçons et les filles qui l’assurent le sont de la mort), cela nous permettra d’enchaîner plus tard avec les étages 4 et 5 dévolus à l’art
moderne et contemporain – nouvel accrochage et surprises en vue. On se
réjouit d’autant plus que les lumières sont à couper le souffle : air pur,
netteté du lointain, profondeur des avant et arrière-plans .
C’est ici que va bientôt se présenter l’épisode de « la
veste rouge ». Un immense jeune homme nous installe à une table pour deux vers 14 heures, juste à l’écart des
voisins, puis il s’éloigne. Nous avions croisé en le suivant une serveuse aux cheveux de jais,
certes, au sourire renversant, oui, mais surtout à la veste rouge. Mes oreilles avaient capté un murmure de P. « Je veux la même ! Elle est trop belle ! »
Les rigatoni
de P. sont du même rouge. Mon suprême de volaille non. Mais certains reflets de
la Pavlova oui.
Je décide de retrouver cette veste et de l’offrir à P.
Il faut la photographier discrètement d’abord. La googler ensuite. Éventuellement
demander aux mannequins où l’objet fut trouvé.
C’est à peine si nous aurons le temps de glisser
un mot à la jeune beauté en sortant : elle est étrangère et se contente, dans un immense
sourire, de me montrer une étiquette. Je suis en chasse depuis — et ne fais pas
chou rouge... mais chou blanc :-/
Sinon l’accrochage récent des collections est à
tomber. Il faudrait tout lire, tout photographier, tout QR coder… Il y en aurait
pour des mois… Voici un très maigre échantillon de choses qui m’ont touché – car vous n’avez qu’une vie vous aussi, et autre chose à faire aujourd’hui que de martyriser la souris !
Effet Léger – mon père, avec son magnifique Leica gainé de cuir, était le champion de ce genre de cadrage « créatif ».
Picasso inachève volontairement son Arlequin triste – prendre le temps de l’observer à la loupe, loin de la foule, est une joie
À bruit secret est considéré par Marcel Duchamp comme un « readymade aidé », c’est-à-dire réalisé collectivement. L’œuvre est en effet le fruit d’une collaboration avec le collectionneur Walter Arensberg et la dramaturge Sophie Treadwell. La passion d’Arensberg pour les écritures cryptées inspire les inscriptions gravées sur les plaques ; Treadwell contribue à leur traduction. Pour Duchamp, les lettres manquantes, remplacées par des points, évoquent ces enseignes au néon dans lesquelles certaines lettres restent parfois éteintes. Arensberg introduit en secret, dans la pelote de corde enserrée entre les deux plaques à vis, un objet que l’on entend si l’on secoue l’œuvre. Le seul readymade précoce de Duchamp dont l’original nous soit parvenu est un peigne, conservé à Philadelphie et daté de 1916. Le Centre Pompidou en possède une réplique. L’objet porte, sur sa tranche, une inscription (« 3 ou 4 gouttes de hauteur n’ont rien à faire avec la sauvagerie ») à peu près aussi énigmatique que le « rosebud » de Citizen Kane…
Neuf Moules Mâlic, 1914 - 1915
Œuvre majeure de Marcel Duchamp, La Mariée mise à nu par ses célibataires, même dite aussi Le Grand Verre (1915-1923, Philadelphia Museum of Art) illustre l’impossible accouplement d’une « Mariée » soumise aux avances d’un groupe de neuf « Célibataires ». En 1914, avant d’entamer la longue fabrication du Grand Verre, Duchamp se livre avec les Neuf Moules Mâlic à une étude de ce qui apparaît comme le moteur de sa grande machine désirante. Les « Moules Mâlic », figures en uniformes incarnant une fonction de pouvoir, ont été nommés à leur revers par Duchamp : « cuirassier, gendarme, larbin, livreur, chasseur, prêtre, croque-mort, policeman, chef de gare ».
« Parole, consonanti, vocali, numeri in libertà »– quel programme !
Pause, forward, stop – bien avant les lecteurs de cassettes, bravo Kasimir !
Couverture du premier (et dernier) numéro de la revue dada « Stupid »
À la recherche de la veste/blazer rouge
Brauner toujours (Anatomie du désir, 1936) Giacometti et son mystérieux « Circuit »
Roland Sabatier minimaliste avant l’heure (1963, il avait 21 ans) : « Quatre sans titre » Un Martial Raysse bien tordu
Je n’ai pas photographié les deux murs recouverts d’agar-agar-qui-pèle par Michel Blazy à cause de l’un des horribles champignons de Carsten Höller qui gâchaient l’ambiance – l’illu ci-dessous est donc une photo trouvée sur internet (c’est la moins mauvaise)Pareil pour Julien Creuzet, découvert à la Biennale de Lyon il y a quelques années – je n’ai pas photographié son travail que j’apprécie pourtant (le mot est faible), car la batterie de mon iPhone avait rendu l’âme. Mais rien que la description, ici, de la « technique » de son travail est un must : « Chaise de Fontenay-sous-Bois, tresse en raphia et corde d’Istanbul, plastique, vêtements de Léna, tissu d’Emmaüs, dentier de ma mère, ormeau, structures métalliques, litres de colle, gravures sur bois, vidéos, bois, horloge, tissus, cuir, bling-bling, bouteille, grappe de dattes, son, textos, verre de Chicago, cuivre de Bogota, 4 vidéos. » Et 4 illus ci-dessous :
Z comme Zaugg, l’un de mes Suisses préférés – c’est fini (il est décédé)
Il est temps de rentrer à Bruxelles, les quadriceps pleins d’acide lactique, les mirettes et la tête de chablis, de noisettes et de souvenirs. On boit un dernier verre près de l’hôtel, au café
Saint-Victor – et voici le taxi qui arrive. Nous filerons bientôt à 300 km/h avec la presse du lendemain sur les genoux (dans le sens de la marche) et les mensuels d’octobre non encore distribués outre-Quiévrain – la classe !
Merci P., C. et Lo. pour ces trois jours de rêve – on refera un tour de manège ici avec vous (et les pièces rapportées) – ou plusieurs tours de lessiveuse – j’adore ce dessin ! Love, baci, etc.
(il n’y a pas de Day #4)
(le Jour #1 est toujours là)
Commentaires
Enregistrer un commentaire