Venezia II (Kapoor, Giardini, White Noise)

 
Au pied du pont (en bois) de lAccademia, il y a, qui leut cru, lAccademia (et notre kiosquiste préféré, voir la première partie de cette recension vénitienne, ici, huitième image). Laquelle Accademia expose Anish Kapoor cette année – beaucoup dœuvres traitées au Vantablack, le gros pigment déposé (dans tous les sens du terme) par lartiste.
Ça commence par un grand miroir (parabolique ?) dans la cour, censé refléter le ciel vers les spectateurs qui entrent et sortent de lexpo




Du rouge d’abord (mille fois vu chez l’artiste), du noir ensuite – tout ceci est dispensable
On a compris lastuce (finalement assez cheap) : les « objets/sculptures » prennent un autre aspect selon qu’on les regarde de face ou de profil.
Le seul qui bosse, finalement, cest le gardien (le Vantablack laisse échapper parfois de micro-poussières quil faut nettoyer)
Ce coup de griffe dans le mur, à la Fontana, ma amusé : cest la plaie dans laquelle Saint Thomas glissa un index
On termine par « Mother as a mountain » (qui ne créa aucune polémique)
Boxerais bien le Kapoor, moi – et nirai pas voir la suite au palazzo Manfrin...
En route pour les Giardini de la Biennale – on espère le soleil

On commence par les pavillons FR, GB, GER, JAP, etc.
La France dabord, avec Zineb Sedira qui évoque lAlgérie de son enfance – tout ceci est gentillet et fait limpasse sur les drames qui ont émaillé la vie du pays depuis la fin de la guerre (mondiale). Jai aimé les effets spéciaux de la vidéo où lartiste joue avec une maquette représentant la pièce dans laquelle se trouve ladite maquette (on retrouvera lidée de maquette chez Bruce Nauman à la Douane de mer  – et au Havre avec Philippe De Gobert)
Danse, Zineb, danse !
Ci-dessus, la maquette évoquée plus haut – une main géante entrera dans le cadre pour disposer le mobilier, les accessoires puis l’artiste elle-même. Jai raté la photo qui illustre ce sympathique effet...
(la photo ci-dessus fut prise ici)
On sort, on entre dans le pavillon de la Grande Bretagne, duquel on ressortira tout aussi vite ;
for the records, lartiste s’appelle Sonia Boyce. On notera que le pavillon sera fermé le 19 septembre en raison des funérailles dElisabeth 2. Dans la plus souveraine indifférence du taulier, faut-il le préciser.
(Photo piquée sur Internet – nous ignorons tout de ce couple)
Sous cette minuscule bâche (une bâchette ?) se trouve le thermostat de la pièce (au sens room) – lequel thermostat fut ainsi mis au diapason de la pièce (au sens work)
Petite pause dans lun de nos coins (relativement secrets) préférés – derrière les pavillons Canada et Allemagne
Canada ci-dessous – avec juste quatre grandes photos encadrées (par Stan Douglas) et placées autour de léternel arbre (encadré lui aussi) du pavillon
« In 2011, popular uprisings erupted across the globe, including the Arab Spring protests, the England riots, and Occupy movements in different regions of the world. The upheaval of that year is explored by Stan Douglas in four large-scale photographs that restage events in London, New York City, Tunis, and Vancouver (...) »

Le côté restaged des photos est bien fichu – curseur placé à bonne distance entre documentaire et fiction.
(les illus qui enserrent cette question ont été prélevées  – vous en aviez vu les chevrons ?)
Allemagne décevante – Maria Eichorn « déconstruit » le pavillon allemand, certes, pour en montrer lhistoire,  mais elle joue petit bras par rapport à la « déconstruction » (à la masse, en 1993) de Hans Haacke – lequel avait été beaucoup plus radical dans son rejet de larchitecture « nazie » des lieux.
Ci-dessus Haacke il y a 30 ans — ci-dessous Eichhorn aujourdhui
En revanche la brochure de Giulio Bobbio (sur les lieux emblématiques de la Résistance à Venise) que  promeut Eichorn à lentrée du pavillon est impeccable. Jai photographié la même statue, en face des Giardini

Des lasers au Japon, par le collectif Dumb Type. Nous avons bien vus les lasers, mais pas vraiment les textes quils écrivent sur les murs (ni compris ce que diffusent les petits haut-parleurs qui tournent sur eux-mêmes)
Plus bas, le pavillon de la Russie – fermé et discrètement (?) surveillé par la maréchaussée (3 agents en uniforme au moins)
En face, le plus design, zen et géométrique de tous les pavillons – celui de la Scandinavie. On notera les grands téléviseurs faisant vaguement office de tente. Étrange...
Plus bas encore dans lallée de gravier blanc, le pavillon de la Suisse – toujours intéressant (moins cette fois-ci). Latifa Echakhch nous propose un « voyage dans le temps » plus proche de Disneyworld, selon nous, que de Proust.
Nous eûmes notre expérience physique la plus forte avec le pavillon de lAustralie. Acouphènes pour le restant du séjour. Le guitariste Marco Fusinato balançait des stridences à scalper les spectateurs. Tout le corps du taulier vibrait avec les basses, son squelette en perdit quelques boulons. Nous sommes sortis k.o. mais heureux comme des enfants. La vidéo en noir et blanc ne cassait rien, en revanche : une compilation scolaire dimages de guerre, de nature détruite, de têtes de mort joliment traitées mais inoffensives. Nous retiendrons la formidable dégaine de lassistant qui était chargé de prévenir les visiteurs à lentrée : « Have fun, guys – but you youve been warned about the noise! »

Les deux images sont australiennes ci-dessous et le texte qui les sépare vient de là
DESASTRES is an experimental noise project that synchronises sound with image. The work takes the form of a durational solo performance as installation. Marco Fusinato will be performing during the opening hours of the Biennale – a total of two hundred days. Fusinato will perform live in the Pavilion using an electric guitar as a signal generator into mass amplification to improvise slabs of noise, saturated feedback, and discordant intensities that trigger a deluge of images onto a freestanding floor-to-ceiling LED wall (...)

Un œil rapide fut jeté sur le pavillon dIsrael – véritable magnet à photos-pour-réseaux-sociaux avec ses bleus Klein. La proposition artistique (Ilit Azoulaynous a laissé de marbre, le plaisir venant de l’ouverture par l’arrière, une première selon nous (mais nous nous trompons probablement), laquelle dévoilait un pan de mur nouveau et intéressant.
Ci-dessous, lentrée habituelle, condamnée pour loccasion.
Pause déjeuner – P. avait réservé la meilleure table, elle est trop douée, cette fille !
(les lieux sur Google Maps ci-dessous, hors saison, avec grosse croix noire sur le plan)


La Hongrie est juste à côté du lunch. On entre et sort sans sarrêter – ni photographier. Il paraît que les œuvres tournent autour du dilemme du hérisson (Schopenhauer). Les baskets du gars ci-dessous sont ce quil y avait de mieux : Orban curateur ?

On se rend au pavillon des USA où sévit, pardon, expose Simone Leigh. Rien à dire.
Beaucoup de personnes penchées, sur les trois photos ci-dessus – un hasard ?

Par manque de temps, nous avons zappé le pavillon du Danemark, ci-dessous – donc rien vu de cette installation (film ?) On n’y rigole pas trop, semble-t-il, tant pis pour nous.

LUkraine est pratiquement au centre des Giardini. Une intervention un peu démonstrative et attendue (les constructions provisoires en bois brûlés notamment, le cordon rouge qui entoure les sacs de sable), mais que faire dautre en si peu de temps (et de moyens, probablement) ?
La photo ci-dessous avait été prise par Google en avril 2022
Les trois curateur.e.s et un mot dexplication ici

On traverse le bien nommé rio dei Giardini par le pont habituel, lequel débouche sur le pavillon du Brésil.
Lartiste Jonathas de Andrade met en scène, paraît-il, des dictons populaires connus de tous (au Brésil). On entre en effet dans le pavillon par une oreille et on en sort par lautre.
(les deux illus qui prennent cette ligne en sandwich viennent du site officiel de la Biennale, )

Le pavillon de lAutriche, si souvent intéressant, déçoit aussi (décidément !-), voir ci-dessous
... les deux artistes Jakob Lena Knebl et Ashley Hans Scheirl se mettent en scène sur tous les murs, ou presque :
so what ?!
Jaime bien ce simili-vomi flanqué de cônes de Lübeck (?! – cuberdons, en Belgique)
On termine les Giardini au pas de charge, pavillons de la Serbie, de la ville de Venise, de la Pologne, de la Roumanie et de la Grèce

La Serbie illustre les « rapports entre technologie et nature » (oui, oui) avec Vladimir Nikolic ; le panneau vertical ci-dessous montre un nageur remontant et descendant son couloir dans une piscine

Si nous avons bien compris, les photos ci-dessus illustrent le devenir laurier de Daphné, poursuivie par les assiduités dApollon (artiste Paolo Fantin)
Ci-dessous, deux clichés tirés de BD primées dans le pavillon de Venise – nous pensons à nos enfants restés à Bruxelles (snif !-), fans de SF et de philo

Du côté de la Pologne, on fait le plein avec Małgorzata Mirga-Tas – nous avons apprécié lidée de transposer des scènes roms/polonaises dans des fresques italiennes
(...) « dodici pannelli ricoperti con rappresentazioni su tessuti di grande formato dei mesi dell’anno, ripresi dagli affreschi rinascimentali a tema astrologico. I simboli di Palazzo Schifanoia, tra cui i segni zodiacali, il sistema dei decani, i cicli del tempo e la migrazione delle immagini attraverso il tempo e i continenti, rappresentano un punto di riferimento visivo e ideologico che l’artista trasla nella sua identità rom-polacca »
(la photo ci-dessus est due à la Biennale, pareil pour la photo ci-dessous – quant à la tenture-tissage pleine de jeunes femmes blondes, elle a été capturée sur Wikipédia)
[splendide détail ci-dessus de la tenture du Mois de Mars, installée dans la salle des Mois au palazzo Schifanoia (quel nom ! littéralement « fatigue/dégoût de l’ennui ») à Ferrare – par ailleurs ville d’origine de la branche italienne du taulier. Le Mois de Mars est visible en entier ici – ou mieux, sur place, car le palais a rouvert récemment après plusieurs années de fermeture/restauration (en raison du tremblement de terre de 2012). Małgorzata Mirga-Tas nous a permis de nous replonger dans l’histoire du palais et de ses trésors, comme dans celle des migrations intra-européennes – qu’elle en soit remerciée !-]

Dans le pavillon de la Roumanie, tout le monde attend que le robot assomme quelqu’un – nous n’aurons pas le plaisir d’assister à cette éventualité. Le site de la Biennale explique que l’artiste Adrian Pintilie « esplora il ruolo centrale dell’intimità nella vita di tutti i giorni. Forte di una lunga collaborazione con i protagonisti dell’installazione, il Padiglione rumeno si trasforma in una cattedrale che celebra le connessioni fra corpi al di là di ogni preconcetto. ». D’accord – mais un ennui de cathédrale aussi. On zappe et sort à l’air libre.
... air libre dans lequel s’étire une queue monstrueuse devant le pavillon de la Grèce (et les toilettes publiques au fumet sui generis). Nous zappons donc aussi « Loukia Alavanou, qui revisite le mythe d’Œdipe à Colonne en réalité virtuelle – en le plaçant dans une banlieue pauvre d’Athènes » (Quotidien de l’art, avril 2022) pour nous rendre enfin au pavillon central, celui dont la commissaire est Cecilia Alemani.
(les deux premières photos ont été capturées ici – pas celle ci-dessous, prise au même endroit, dans un miroir de la pièce à l’éléphant)

... et no comments, ci-dessous
Mary Ellen Solt (cliquer et descendre jusqu’au nom de l’artiste)

Toyen (cliquer, puis « load more » jusqu’au nom de l’artiste citoyenne)
Les garçons et, ci-dessous, les filles


Les rochers à Ploumanac’h d’Eileen Agar ci-dessus m’ont rappelé ce petit texte d’Éric Chevillard qui m’avait bien fait rire il y a un mois

Beau petit Rama, ci-dessous


De Paula Rego, décédée il y a peu, sont exposées quelques peintures emblématiques (elles évoquent la manière de Gérard Garouste). De belles gravures aussi.


Nous sommes sur les rotules, comme ce jeune homme – on passe par le gift shop, tel Banksy, et on sort
On termine les Giardini avec le pavillon de la Hollande, puis celui de l’Espagne, la Belgique enfin.

Kristina Norman, artiste estonienne hébergée par le pavillon de la Hollande, a réalisé une vidéo qui ne semble pas trop intéresser la jeune femme au téléphone portable. Erreur, car ce film part d’une excellente idée : montrer la production en flux tendu des plantes et fleurs que la Hollande exporte dans le monde entier. Cette « nature industrielle » est paradoxale mais bien réelle. La fin est un poil convenue – un accident fait dérailler toute la chaîne. On aurait aimé voir ce qu’un Yuri Ancarani aurait fait d’une telle idée...

Ignasi Aballí a remarqué que le pavillon espagnol nétait pas aligné sur ses voisins (Hollande et Belgique). Il a décidé de le « corriger » et de faire pivoter tout le bâtiment de 10 degrés. Cet angle est visible au plafond et en maints endroits. Cest conceptuel, vide et froid – tout ce quon aime.

Ce Pierrot est trop beau !
Comme la vidéo « du pneu », ci-dessous – et toutes les autres
Quelle merveilleuse installation des travaux de Francis Alÿs ! Bravo les Belges ! Le mur de gauche, ci-dessus, est celui du pavillon de la Belgique, il est reconnaissable entre mille avec ses protubérances (du prote Hubert Hanz)
Les Giardini, au sens Biennale, sont entourés de noir – on s’en retourne à Dorsoduro.

Une douche et on part voir notre premier film... mais pas au Lido (nous n’avons pas trouvé de places, pour la première fois en 20 ans, car tout est en ligne – et miné par les bugs). Ce sera donc la salle 1 du Rossini, à 13 minutes de l’appartement.  On fera une halte chez Paolin pour manger un bout – car l’une de nos adresses préférées à Venise ferme le jeudi (c’est le Teamo, on en reparlera)
Le beau générique habituel avant les films en compétition est de Lorenzo Mattotti

Et ce White Noise de Noah Baumbach
Plutôt raté et conventionnel dans sa présentation d’une famille américaine de la middle class. Recomposée comme il se doit, elle est chassée de chez elle par un nuage toxique. Le film dure des plombes – heureusement qu’Adam Driver joue plutôt bien, mais on se désintéresse vite de ses péripéties. Imdb donne 5,9 au film à l’heure où nous mettons sous presse. Pas mieux.


La suite Venezia III bientôt – Venezia I est là.














































(à suivre bientôt)
















































































Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

A square for three (chess)

Le tripalin se présente

Some strings au cinéma Galeries