Les deux dernières minutes


Les deux dernières minutes des Candidats – une vidéo déchirante.

Contexte : ce matin à 2:20 le taulier a assisté au dernier coup de la dernière partie d’échecs du dernier tournoi des Candidats (tournoi qui a duré deux semaines, il se tenait à Toronto, Canada).

Le nom du vainqueur du tournoi est tombé précisément à 2:20 car le dernier coup de la partie Caruana/Nepomniachtchi entérinait la nulle.

Si l’Américain Fabio Caruana (habillé de noir, jouant ici avec les Blancs), ou si le Russe Ian Nepomniachtchi (chemise blanche, jouant avec les Noirs) gagnait cette partie, il arrivait ex-aequo en tête et ses chances persistaient de remporter le tournoi.

Remporter le tournoi des Candidats signifie affronter en novembre 2024 le Champion du monde actuel d’échecs, le Chinois Ding Liren.

Annuler la partie, comme cela fut acté ce matin à 2:20, marqua la fin des espoirs de Fabi et Nepo (comme on les appelle gentiment sur le circuit).

Ils étaient dévastés tous les deux, ce matin.

Car leur partie fut entachée de quelques erreurs – dues à la fatigue accumulée en 15 jours, à la pression colossale (en termes de carrière, d’argent, de réputation), aux pendules, à la gestion du temps (plus de 5 heures assis de part et d’autre d’un échiquier bardé de micros et de caméras pour 109 coups – la plus longue partie jamais jouée aux Candidats depuis que ce format existe, soit l’année 1950). Les duellistes ont pourtant joué à 95% les coups suggérés par les ordinateurs pratiquement infaillibles du moment (suggestions réservées uniquement en coulisse et pour les téléspectateurs en ligne comme moi).

Ce qui me frappe, dans la vidéo, c’est d’abord le son direct. Le petit piano discret ajouté par ChessBase/India. Puis le debriefing post-mortem des deux amis/ennemis, au bord du chaos physique et mental. Les 109 coups qu’ils ont dans la tête (probablement pour toujours). Les dizaines de variantes (qu’ils n’ont pas jouées, mais qu’ils ont analysées). Les mains et les doigts qui volettent. Le drapeau de la FIDE (la Fédération Internationale des Échecs) affecté au Russe (interdit de jouer sous ses couleurs à cause de la guerre en Ukraine), les maigres applaudissements qui tombent de la mezzanine…

Le vainqueur du tournoi est Indien. Il aura 18 ans en mai. Personne n’a réalisé cet exploit si jeune depuis 1950 (notez qu’un cycle complet du tournoi des Candidats prend 2 à 3 ans !)

Dommaraju Gukesh est dans l’image du bas – il deviendra probablement Champion du monde en novembre.

Ding Liren, le Chinois qui porte le titre depuis que Magnus Carlsen a renoncé à le défendre – après 10 ans de règne ininterrompu – est à moitié dépressif et démotivé, ayant accumulé les mauvais résultats depuis un an. Nous avons, Lorenzo et moi, rencontré les deux joueurs au début de l’année à Wijk aan Zee et vu leurs allures bien différentes : gamin fringant pour l’Indien de 17 ans, robot ronchon pour le trentenaire chinois.

L’histoire de Gukesh est formidable aussi – je la raconterai fin novembre 2024 !

Voici quelques liens pour ceux que tout cela intéresse :
– la vidéo évoquée plus haut des 2 dernières minutes de la dernière partie des Candidats 2024 :
– la page Wikipedia du tournoi des Candidats :
– les pages Wikipedia de Magnus, Caru, Nepo, Ding et Gukesh :
– la page de mon blog recensant Wijk aan Zee 2024 avec quelques images des susmentionnés :
– Les commentaires de la revue Europe Échecs :

Pourquoi Nepo dit « Sorry » sur les images qui ouvrent cette page ? La réponse est dans le dernier carton de la vidéo.
Perso j'étais pour Caru, puis Naka, puis Firou, puis Gukesh... Vive les échecs !





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