Michel Gondry, bon génie


Michel Gondry est tout de même un pur génie (je pèse mes mots !-)
… malgré la fine bouche que font systématiquement les critiques dès qu’une forme d’humour ou de légèreté sont revendiqués par lauteur.
C’est vrai dans tous les arts… le sérieux c’est sérieux, le comique ou le rire ne le sont pas (sérieux).
La filmo de Gondry sur IMBd est longue comme le bras – elle compte plus de… 100 entrées ! Même les pseudo-ratages (Green Hornet) recelaient des séquences inoubliables (la machine à café du film, lequel film a certes coûté 120 millions de dollars – explosés péniblement lors de la dernière demi-heure – mais film qui a rapporté le double aux studios – qui l’aiment toujours pour ça et pour le cultissime Sunshine Spotless machin, évidemment !-)
Les films de Gondry essaient en permanence de se renouveler – ils mettent souvent en scène des exclus, des marginaux, des pauvres, des handicapés – on est loin des comédies françaises tradi à gerber avec papa, maman, la bonne et moi (à Neuilly).
Gondry est aussi d’une modestie hors norme. Il a tourné des clips vidéo pour les plus grands, sans jamais la ramener, voir ci-dessous. 
N’oublions pas non plus que c’est un pionnier du Bullet time effect popularisé par les films Matrix, donc un bricoleur, un chercheur et un inlassable expérimentateur de formes (généreux en plus – je me souviens des ateliers qu’il donnait chez nous à Kanal-Pompidou). 
Sa gentillesse (et un peu sa folie, selon moi), se manifestent même avec les jeunes (?) crétins de Canal +, voir le lien après les clips, il y a deux semaines.
Bref, je pourrais vous en parler des heures (son humanisme sans faille, comme dans le formidable The We and the I, il y a dix ans !-), allez plutôt voir son Livre des solutions ! Et sa Denise [dont aucun des critiques patentés du Monde ou de Libé (ci-dessous) n’a rappelé qu’elle tenait le rôle de Veronika dans La Maman et la Putain de Jean Eustache].

Voici une sélection perso de clips vidéo réalisés par MG, hallucinants de créativité (le premier d’entre eux, pour les gamines de Cibo Matto, m’avait scié in illo tempore : comment, avec trois francs six yens, produire un palindrome visuel à tomber. Que dire de lunique plan du Star Guitar pour les Chemical Brothers (il y a 20 ans !) où des structures fixes battent la mesure de façon stupéfiante (regardez les portiques et les signaux du début) ! Quant au clip pour Kylie Minogue, il est digne d’un artiste du calibre de Zbigniew Rybczyński, cest dire !) Longue vie à Gondry et mort aux grincheux !
Cibo Matto (Sugar water)

Daft Punk (Around the world)

The Chemical Brothers (Let Forever Be)

The Chemical Brothers (Star Guitar)
(le making of de Star Guitar est ici)

Kylie Minogue (Come Into My World)

Massive Attack (Protection)

Rolling Stones (Like A Rolling Stone)

Björk (Human behaviour)

Björk (Bachelorette – déjà un Livre des solutions !-)

IAM (Je danse le Mia)

The White Stripes (The Hardest Button To Button)
(« Une fois sa réalisation terminée, Michel Gondry a fait don du matériel à une école de musique : 16 pieds de micro, 32 amplis et 32 batteries »)

Serge Gainsbourg (La Chanson de Prévert)

MG à Canal+ pour la promo de son film

 
Critique

«Le livre des solutions» de Michel Gondry, ses délires sont des ordres

Michel Gondry s’empare avec autodérision d’un épisode douloureux de sa carrière mais pèche par complaisance envers son alter ego antipathique.

 Dans le film, il ne va pas de soi de s’attendrir des gesticulations de Pierre Niney dans le rôle du maestro à fleur de peau. (The Jokers)

 par Sandra Onana, publié le 13 septembre 2023 à 7h53 dans Libération

 «Solutionner» est un bien vilain mot qui sent le séminaire de new public management à plein nez ou le manuel de développement personnel. Le livre des solutions qui donne ironiquement son titre au film de Michel Gondry est pourtant aux antipodes de ce genre de littérature, puisqu’il s’agit d’une divagation rédigée jour après jour par un protagoniste sujet aux états maniaques. Soit un cinéaste exilé chez une vieille tante dans les Cévennes, où il s’efforce de finir un film entouré d’une équipe de confiance. Et cherche en même temps à canaliser ses élans de créativité électrique sous la forme d’un guide, où chaque problème trouve (abstraitement) sa solution.

Réalisateur en fugue

 Le héros nommé Marc est un double à peine déguisé de Michel Gondry, qui s’inspire ici d’un épisode douloureux de sa carrière : la post-production de l’Ecume des jours, ratage superproduit à 20 millions d’euros vécu par son auteur comme une mise en cage de sa créativité. Sur le plan du référent biographique, l’histoire a toutes les raisons d’intéresser. Elle éclaire le désenchantement bien connu des artistes à l’épreuve du formatage, le principe de réalité avec lequel il leur faut ordonner leur folie, quand elle s’écrase sur le mur du faisable et du raisonnable. Larguer les producteurs en cravate et bricoler une utopie dans la forêt, trouver des raisons de ne jamais finir le film (que Marc se refuse même à regarder) : ainsi s’éprouve le fantasme du réalisateur en fugue, affamé d’idées et en plein sevrage de médocs pour ses troubles bipolaires.

 Sur le plan de la fiction, il ne va pas de soi de s’attendrir des gesticulations de Pierre Niney dans le rôle du maestro à fleur de peau, hurlant sur ses collaboratrices – plutôt des femmes, toutes patientes et maternelles – qui exaucent la moindre de ses lubies nocturnes et s’adressent à lui avec la douceur que l’on réserve aux grands enfants écorchés. Françoise Lebrun, qui joue la tante aimante, est si grande et touchante en faisant si peu que n’importe qui semble minuscule à côté.

Drame de l’incommunicabilité

Que le film peine à nous convaincre de l’intérêt des illuminations délirantes de Marc pourrait témoigner de son vrai sujet : le drame de l’incommunicabilité pour un créateur, mis en échec par l’étanchéité des frontières entre sa psyché malade et celle des autres. Sauf que le mythe du génie incompris se trouve régulièrement confirmé par le film, voire porté au triomphe dans une scène clé – sous la dictée des émotions qu’il pantomime avec son corps, Marc donne à déchiffrer un somptueux morceau à un orchestre qui l’interprète en direct, prouvant aux sceptiques que l’harmonie se loge dans son chaos personnel. Point d’autodérision ou d’autocritique sans férocité, or Gondry en manifeste bien peu envers cet alter ego, semblant finalement chanter ses propres louanges.

Le livre des solutions de Michel Gondry. Avec Pierre Niney, Blanche Gardin, Frankie Wallach… (1h42).

Le portrait

Michel Gondry, esprit cryptique

A 60 ans, le réalisateur combat ses angoisses et sa bipolarité à coups d’inventions délurées et de créativité cinématographique renouvelée.

Michel Gondry à Paris, le 1 septembre 2023. (Laura Stevens / Libération)

par Jérôme Lefilliâtre

publié le 11 septembre 2023 à 15h12 dans Libération

Michel Gondry a une solution pour rendre le métro plus vivable à l’heure de pointe. Une idée à laquelle il croit beaucoup. Il faudrait ajouter à chaque bout de la rame, explique-t-il en montrant sur son téléphone un croquis, une voiture qui resterait dans le tunnel à l’arrêt. On y accéderait par le wagon précédent, celui qui donne sur l’extrémité du quai et qui communiquerait avec l’espace supplémentaire, conçu d’abord pour les passagers effectuant des longs trajets. On suggère au cinéaste d’en parler à Jean Castex, PDG de la RATP. Gondry, qui est retourné vivre à Los Angeles il y a trois ans après une séparation douloureuse (on y reviendra), ne connaît pas l’ancien Premier ministre : «Jean Casse-Tête ?» Il rigole et demande : «Vous pouvez m’avoir un rendez-vous ?»

Des inventions du genre, le réalisateur de 60 ans, clippeur culte de Björk, Daft Punk ou des White Stripes, en a un paquet en tête : un système de récupération de l’énergie de freinage d’une voiture par pompe à air, une «canne pour aveugle» dotée d’un radar, des «puces solaires» pour détecter les débuts d’incendies en forêt… Intarissable, Gondry semble ravi qu’on lui demande des précisions : «Souvent, les gens s’arrêtent avant le fond de l’idée et disent : ça existe déjà. C’est pour ça que, dans mon film, je fais apparaître cette règle : “Ne pas écouter les autres.”» La consigne est l’une de celles que le protagoniste de son nouveau long métrage, un faiseur de films habité par Pierre Niney, note dans son Livre des solutions. Une sorte de manuel de conduite artistique qui donne le titre à l’œuvre, à voir en salle ce mercredi.

Drôle, touchant, décousu et parfois fulgurant, le film conforte la légende bien établie de Michel Gondry, touche-à-tout issu d’une famille d’artistes, créateur-bricoleur traversé d’éclairs imparables comme d’envolées surréalistes pas toujours faciles à suivre. Mais le Livre des solutions, tourné dans sa propre maison des Cévennes, se caractérise par un aspect plus autobiographique qu’à l’habitude, dévoilant la bipolarité de l’auteur, diagnostiquée peu après l’Ecume des jours (2013), son adaptation du livre de Boris Vian. Ce que Gondry appelle «ma crise» et raconte à sa façon, sans arrogance, mi-comique mi-désespérée, l’humour joyeux et la dépression corsée faisant à l’évidence bon (?) ménage chez lui : «J’ai commencé à dérailler sur la fin du tournage et ça a vraiment explosé lors de la postproduction. Je me suis mis une telle pression pour ne pas décevoir l’esprit de Vian… J’ai perdu un peu de perspective, je croyais très fort en mes idées, j’avais parfois l’impression d’être un génie.» Collage de scènes démentes, son nouveau film décrit cet épisode maniaque. Dans l’un des moments les plus jouissifs, Pierre Niney dirige un orchestre privé de partition en faisant bouger ses bras, ses épaules, son cul et son bassin. La scène a existé dans la vraie vie, comme peut en témoigner YouTube (taper «Gondry orchestre Cévennes» et voir la tronche des musiciens). «Michel a une immense liberté artistique, comme peu en ont, admire Niney. C’est inspirant pour tout le monde autour de voir à quel point il fait confiance à une vision qu’il a eue. Il voit ses idées comme ses propres enfants et peut très mal vivre le fait que quelqu’un les dénigre.»

Un entretien journalistique – celui-ci se déroule chez son producteur à Paris – avec Gondry, qui débarque en veste à capuche sur chemise ouverte débraillée sur tee-shirt à col élargi par l’usage, échappe vite aux canons de l’interview. Pendant la prise de vue, il saisit un feutre et se met à dessiner, sur le fond colorama de la photographe, la scène qu’il est en train de vivre. Il se représente en petit bonhomme minuscule. Au cours de la discussion, il se tasse sur sa chaise, les coudes sur la table. Ce qui nous donne l’impression d’avoir, face à nous, l’enfant qu’il n’a sans doute jamais cessé de vouloir être. «Tout le monde a un potentiel créatif et on apprend à l’oublier pour faire des boulots à la con», dit celui qui a pris l’habitude depuis le confinement de produire seul chez lui de courts dessins animés (en écoutant des lectures audio de grands romans russes).

Surtout, on passe du coq à l’âne. «Spike Jonze [l’acteur-réalisateur américain est un ami, ndlr] dit que j’ai le syndrome de la Tourette en esprit», informe-t-il. Parfois, Gondry s’arrête au milieu d’une explication et se félicite de ne pas avoir prononcé une phrase lui étant venue en tête. On cause de cinéma : il a adoré Anatomie d’une chute et le dernier Quentin Dupieux, qui lui «donne des complexes». De politique française aussi, qu’il essaie de suivre depuis LA : celui qui a fait un film avec Chomsky et se dit «anticapitaliste» (bien qu’ayant tourné moult pubs pour des multinationales) trouve que «l’augmentation de l’âge de la retraite, c’est dégueulasse, horrible. Ces lois sont écrites par des gens qui travailleront jusqu’à leur mort et ne représentent pas la population». Végétarien, il loue Philippe Poutou : «Tout ce qu’il disait était lumineux. Et en face de lui, les gens roulaient les yeux.»

Il se livre franchement. Lorsqu’il est question d’amour, le grand sujet de son cinéma («je ne suis pas le seul», dit-il en haussant les épaules), il a peu de filtres. Ce père d’un grand fils artiste (qui fait des films et des clips) a quitté Paris il y a trois ans après s’être séparé de la mère de sa fille de 8 ans. «Quand ça a raté avec la maman, j’étais tellement effondré que ma tante et ma belle-mère m’ont dit de repartir à Los Angeles. C’est pas mal, même si je ne sais pas trop pourquoi je vis là-bas.» Cette rupture reste douloureuse. Il y revient plusieurs fois, de même qu’à son célibat. Comme un autre Michel célèbre, il parle de la séduction comme d’un «marché», évoque ses complexes d’enfance «pas assez viril, masculin». Ce qui l’avait poussé, à l’époque, à se mettre à la batterie et monter le groupe pop Oui Oui. «J’espère que ce portrait va me permettre de trouver une copine», souffle-t-il, pas complètement ironique. «C’est un réalisateur extrêmement sensible, fragile, à fleur de peau, avec un romantisme un peu adolescent, observe Blanche Gardin, qui joue une monteuse maternante dans le Livre des solutions. On a envie de faire attention à lui.»

A la fin de l’entretien, on ne peut s’empêcher de lui poser une question trop intime : vous allez bien, Michel ? «Pas mal de choses me rendent content. Mais j’ai toujours beaucoup d’angoisses. J’ai peur de la disparition, et je n’ai aucun doute sur ce qui se passe après.» Il pense qu’il lui reste vingt ans pour faire d’autres films, passer des «bons moments» avec ses enfants, faire aboutir une ou deux inventions et «gérer [son] cerveau le mieux possible». Vingt ans, c’est ce qui le sépare de son plus grand succès, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, relève-t-il, plein de nostalgie. Et puis, il se remet à sourire : «Je ne me suiciderai jamais, ce serait complètement contre-productif.»

8 mai 1963 — Naissance à Versailles

2004 — Eternal Sunshine of the Spotless Mind

13 septembre 2023 — Le Livre des solutions

https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/09/13/le-livre-des-solutions-l-autoportrait-enfievre-de-michel-gondry_6189171_3246.html

« Le Livre des solutions » : l’autoportrait enfiévré de Michel Gondry.

Le cinéaste met en scène un réalisateur mythomane, hyperactif et incompris, avec Pierre Niney et Blanche Gardin au casting.

Par Jacques Mandelbaum

Publié le 13 septembre 2023 à 12h00 dans Le Monde.

L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

A 60 ans cette année, Michel Gondry mériterait enfin qu’on cessât de le qualifier de grand adolescent. Quand bien même il offrirait plus souvent qu’à son tour des verges pour se faire battre.

Disons que l’esprit d’aventure et de bricole – hérité d’une famille de musiciens et d’inventeurs farfouilleurs – colle aux semelles de ce Versaillais qui s’est taillé à Hollywood une belle réputation (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, 2004 ; Soyez sympas, rembobinez, 2008 ; Le Frelon vert, 2011), sans pour autant cesser de cultiver son esprit artisanal, consacrant ici un documentaire à sa tante institutrice cévenole (L’Epine dans le cœur, 2010) ou animant en 2011, au Centre Pompidou, transformé en mini-studio, L’usine de films amateurs, des ateliers de tournage ultrarapides à la portée de tous, chacun repartant avec son petit film (encore merci Michel !)

Processus de fabrication

Un coup d’œil rapide sur cette carrière – et c’est encore le cas avec son dernier film en date, le road-movie en camion bricolé des deux ados Microbe et Gasoil (2015) – permet d’envisager le processus de « fabrication » considéré en lui-même comme le grand motif existentiel et artistique de Michel Gondry. Fabrication d’objets, de procédures et protocoles, tels qu’ils déterminent la fabrication de soi tout au long de cette expérience suprême qu’est notre propre vie. C’est peu de dire que Le Livre des solutions ne s’éloigne guère de ce motif, qui a pourtant déjà beaucoup servi. Comme dans Soyez sympas, rembobinez – qu’on tient à ce jour pour le chef-d’œuvre de son auteur –, c’est le cinéma lui-même qui fait ici office d’instrument d’apprentissage.

Tout commence par une scène de lynchage. Dans le bureau huppé de ses producteurs, Marc, cinéaste supérieurement fébrile, mythomane et anxieux (Pierre Niney), se fait sévèrement remonter les bretelles et déposséder de sa copie de travail. Ni une ni deux, il fonce avec une équipe de fidèles réduite au minimum – Charlotte, sa monteuse (Blanche Gardin), et Sylvia, son assistante (Frankie Wallach) – mettre la main sur les précieux ordinateurs et prend la poudre d’escampette jusqu’à la maison de Denise (Françoise Lebrun), sa bonne tantine cévenole et plus grande fan, pour y terminer son film comme il l’entend. Assailli par les idées, convaincu de son génie, il écrit pour tenter de garder la tête froide un « livre des solutions », recueil de réponses haut perchées à une liste de problèmes incongrus.

Problème : le cerveau perpétuellement enfiévré de Marc, qui croit, comme artiste démiurge mais privé du soutien de ses financiers, que tout est possible, se met au défi de réaliser des idées souvent loufoques et met à très rude épreuve les nerfs de ses collaborateurs. A cet égard, s’il possède en Denise une fidèle en toute situation, c’est une autre paire de manches avec son équipe, aussi attentionnée soit-elle. Colérique, fouillis, impatient, mythomane, tyrannique, en inadéquation presque constante avec la réalité, Marc se rend communément insupportable, mais a pour lui la croyance inébranlable en son projet. C’est sa force.

Et, comme pour tous les créateurs, la chance, à l’occasion, est sommée de lui tendre les bras : la venue improbable de Sting sur le tournage rattrape ici les avanies qui auraient autrement fini de ruiner la réputation du réalisateur. Cette manière d’autoportrait en zébulon est ainsi pour Gondry l’occasion de rappeler de manière explosive, mais toujours empreinte d’une inaltérable gentillesse (là est sans doute la faiblesse de son propos et l’écueil sur lequel son film achoppe), cette aventureuse folie qu’est le tournage d’un film.

Film français de Michel Gondry. Avec Pierre Niney, Blanche Gardin, Françoise Lebrun, Frankie Wallach (1 h 42). 

www.thejokersfilms.com/le-livre-des-solutions

Jacques Mandelbaum




 


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