Jeux gratuits (Tangente)
Ces dernières
activités semblent réservées aux enfants, mais ados et adultes ne sont-ils pas
de grands enfants ? À eux de créer des variantes plus difficiles ou plus
subtiles – comme l’illustre bien le
passionnant jeu de Moulin qui n’est, finalement, qu’une variante
du Morpion – les deux pouvant d’ailleurs se jouer avec cailloux et
coquillages sur une figure tracée dans la poussière. Les mêmes ingrédients
(noix, graines, trous dans le sable ou dans une planche de bois) permettent des
parties très raffinées au Mancala (il s’agit d’une famille de jeux à
semis dont l’Awalé est le plus connu). Ambassadeurs demande à
deux ou trois équipes distinctes de mimer un à un les items d’une liste de romans
connus, de films, de musiques, de personnages réels ou fictifs : le thème
et le niveau de la liste se modulent selon les participants. Plusieurs jeux se
pratiquent uniquement avec des crayons et du papier, facilement
disponibles : le Mastermind (prévoir une gomme), Points et
carrés (à chaque tour le joueur marque de sa couleur le côté d’un ou
plusieurs carrés du papier quadrillé), la Bataille navale (dans
certaines variantes, les bateaux peuvent bouger), les Ponts (on relie
par un arc de cercle deux régions du plan encore vierges), la Course sur
papier (un circuit est dessiné sur du papier quadrillé, lequel il faut
boucler en accélérant et ralentissant sa « voiture »).
Les meilleures économies se font certes quand on ne dépense rien – sauf du temps de réflexion. Pourtant la dématérialisation des jeux peut poser des problèmes. Dans le célèbre Joueur d’échecs de Stefan Zweig, les pièces se font remplacer d’abord par de la mie de pain, puis par… rien : Monsieur B. se met à jouer à l’aveugle… et finit schizophrène. Évoquons encore les labyrinthes invisibles de l’artiste Jeppe Hein : un mince casque sur les oreilles vous envoie un signal quand vous percutez une paroi immatérielle, dans un espace par ailleurs totalement vide (exposition au Centre Pompidou de septembre 2005). Il n’y a plus que du son, oui, mais tout un dispositif technique vous entoure, lequel doit être maintenu et surveillé. La virtualisation des univers ludiques semble pourtant inéluctable aujourd’hui (40% des humains s’y adonnent, plusieurs heures par jour, à égalité homme/femme) et la récente pandémie n’a rien arrangé. Le marché était de 330 milliards de dollars l’année dernière (surtout des jeux de tir) – dont 6 milliards d’euros rien que pour la France. Le virtuel coûte pourtant cher, comme nous l’avons vu, en infrastructures, en matériel, en électricité. Est-ce soutenable à long terme ? Soyons plus frugaux ! Trouverez-vous le jeu mentionné ci-dessus qui s’anagramme en Prairie, préaux, épices ? Et ce qui réunit ces dix jeux : blackjack, Nim, dominos, mah-jong, whist, tarot, canasta, rami, Uno, Dragon Ball Z ?
© Éric Angelini pour Tangente – août
2023
(4842 caractères, espaces
compris)
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