La pire Biennale de tous les temps ! (mais...)
Du 28 août 2024 au 7 septembre nous fûmes à Venise.
Avant d’affronter la Biennale, nous allâmes voir De Kooning à l’Accademia
(à 5 minutes de notre appartement de la calle dei Cerchieri).
Le taulier apprécia surtout les sculptures – au petit parfum parfois de Thomas Schütte.
Cette première page n’est consacrée qu’à ce musée (visité deux fois de fond en comble).
Photo d’archive ci-dessous, avec le café dont il sera question plus tard.
(le Pêcheur de moules, ci-dessus – et qui dit moule, dit moulage, donc sculptures en série, donc autoréférence – et Broodthaers, bien sûr !-)
(Un bronze de Rodin en équilibre tendu)
Deux dessins non effacés par Rauschenberg (évidemment !)
Nous reviendrons dans la même salle quelques jours plus tard – après avoir rencontré par hasard François Élie, ami de longue date – perdu de vue depuis vingt ans (et Arles) !
Voici la rencontre – merci à De Kooning (et à Cécile, photographe) !
Les autres salles du rez-de-chaussée de l’Accademia contiennent des trésors cachés – voici la formidable peinture d’une sculpture – et d’un sculpteur – par Placido Fabris
Plus loin, un « Choix d’Hercule » avec de jolies griffes (d’ours ?)
Le traditionnel selfie des familles en passant
Un beau « Rêve d’Esculape » de Ricci, avec nuages...
... lesquels nuages évoquent ces vapeurs omniprésentes dans les salles du musée...
Un charmant solletico (chatouillis) un peu plus loinLe taulier se demande si toutes les cordes et cordages visibles dans la peinture depuis 1350 (environ) ne sont pas des allusions au tissage et à la toile (fils et toiles comme supports de la majorité des peintures – voir ici les Fileuses de Vélasquez – hommage indirect et discret des peintres à leur art et savoir-faire)
Voici par exemple un Martyre de san Marco par Bellini – avec du chanvre qu’on tire dans tous les sens
(Le tableau complet est sur Wikipedia, ici)
De même les flèches, en quantités hallucinantes dans la peinture « classique » (on songe à saint Sébastien par exemple, ou aux munitions d’Eros) – ces flèches sont-elles des traits (métaphoriques) au sens des traits d’un dessin ? Ci-dessous, sainte Ursule (et une toile blanche)
... dont le sang, comme d’habitude, est probablement une métaphore de la (matière) peinture elle-même, travaillée par les artistes
Un échiquier mal orienté ci-dessous...Une célébration de la Croix (de Tiepolo, encore) juste à côté, avec « cadre dans le cadre » et débordements
Aux étages, des merveilles (le taulier recommande le petit guide à 10 euros « Les 30 chefs-d’œuvre de l’Accademia à ne pas manquer ») en vente à côté de la caisse.
On commence par Giorgione, sa Nuda, la Tempête et la Vieille
Cette Tempête serait la première peinture de paysage de l’histoire de l’art (selon François Elie, ce que semble confirmer Wikipédia ici). Elle est énigmatique à plus d’un titre, comme le souligne le cartel. François me signale que la longueur du bâton que tient le jeune homme à gauche serait celle qui sépare son œil du sexe de la jeune fille à droite. Sexe que lui voit et nous pas. Cette longueur jouerait un rôle important dans la composition générale du tableau. No sè ! J’ai oublié aussi ce que signifient les deux colonnes coupées blanches... Quel tableau !
« Col tempo » (La Vieille) n’est pas triste non plus.
À quelques mètres est consacrée une salle à trois œuvres de Jérôme Bosch – à tomber – dont le fameux « tunnel » des « Visions de l’au-delà »
Cette dame Wilgefortis (Julie de Corse), guillerette et crucifiée (sur une autre paroi de la pièce) est stupéfiante (et résiliente ?)
Le troisième Bosch coupe le souffle aussi – le taulier a toujours apprécié les changements d’échelles à l’intérieur d’une œuvre
Quelle embarcation ! On dirait de la S.-F. !
... jusqu’à l’Enlèvement du corps de saint Marc par le Tintoret, un autre phénomène météo qui interpelle (comme on dit à la RTBF) – après la Tempête de Giorgione.
Ce qui séduit le taulier est le « câble » diagonal au centre, le geste du bras en bas à gauche qui écarte un étrange rideau présent/absent, puis tout le tiers gauche de la représentation, blanchâtre et comme inachevé. Foultitude passionnante d’interprétations de l’œuvre ici aussi...
Il y a plein de choses sublimes et inattendues dans ce musée – comme ce puzzle inachevé (?)J’ai envoyé ces deux photos à ma fille en faisant allusion à la passata, laquelle constitue 50% de mon alimentation pour l’instant (trop bon !-)
Nous admirons pour la millième fois le Repas chez Levi de Véronèse – mais une table nappée de blanc, destinée à Dieu sait qui ou quoi, fait aujourd'hui écho à la peinture
(la suite de ces commentaires après la finale de l’US Open)
...
(bravo Sinner – 63/64/75 contre Taylor Fritz – un Sinner aussi sympa à regarder qu’Ivan Lendl in illo tempore, ceci dit. Il y a un peu trop du moine-soldat impavide chez le Rital. Bon, Sinner est roux et ses Carota Boys ne sont jamais loin, allez...)
Un dernier mot pour l’illu ci-dessus. J’ai pris cet espresso accompagné d’un délicieux sablé juste à côté de l’entrée de l’Accademia – un établissement désormais tenu par un (très) sympathique patron vietnamien flanqué d’une brigade hyper-efficace. Je le félicite pour la qualité de son café, sa pâtisserie et son bar « vintage » – tout en lui signalant (on ne se refait pas dans la capillotraction) que les « vrais » bars doivent comporter des crochets, sous la planche principale du comptoir, permettant aux clients de suspendre des sacs à main ou des totebags.
Le patron plante son regard dans le mien :
– « È Lotto! »
Je ne vois pas trop le rapport avec le peintre, très présent lui aussi dans l’Accademia :
– « Lotto ? Lorenzo Lotto ? »
– « No, Lotto ! Questo non Lotto ! » et de me montrer l’unique crochet qui n’est pas... cassé, tout au bout du bar...
La Douane de Mer est là, avec Pierre Huyghe.
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