CubeSats, É. Badinter, LIGO & Virgo, Magnus

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29 novembre 2018, 12:00


«Wall-E» et «Eve», premier voyage vers Mars pour des nano-satellites
Par Camille Gévaudan, Libé, 29 novembre 2018

Deux CubeSats ont accompagné l'atterrisseur InSight vers Mars et joué les relais de communication avec succès. Ce genre de satellites peu chers à produire n'était jamais parti aussi loin.

La star de la semaine dans l’actualité spatiale est bien entendu InSight, l’atterrisseur américain qui s’est posé avec succès sur Mars lundi soir. Après sept minutes délicates pour freiner sa course, il a attendu que la poussière retombe avant d’envoyer une carte postale de sa nouvelle maison et déplier ses panneaux solaires pour charger ses batteries. Le déploiement des deux instruments scientifiques va prendre plusieurs semaines.

Mais InSight avait aussi deux compagnons, un peu éclipsés par ses exploits. Deux CubeSats, comme on les appelle, des mini satellites cubiques, pas plus lourds que 10 kilos, suffisamment abordables financièrement pour que les universités puissent en développer elles-mêmes et se payer une petite place à bord d’une fusée. Limités dans leurs ambitions par leur taille et leur poids, la plupart des CubeSats (il y en a eu 287 en 2017) sont largués en orbite terrestre…


Un ingénieur de la Nasa teste les panneaux solaire d'un des CubeSats envoyés vers Mars.

Mais ces deux-là, «Mars Cube One» A et B, ou «Wall-E» et «Eve» comme les ont surnommés les ingénieurs, sont carrément les premiers nano-satellites à voguer jusqu’à une autre planète. Le but était de tester leur capacité à voyager seuls et à servir de relais de communication. Conçus par le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la Nasa, le labo californien dédié à l’exploration robotique du système solaire, les CubeSats étaient indépendants d’InSight. Une fois détachés de la fusée juste après son lancement en mai 2018, ils ont suivi leur propre trajectoire vers Mars, en déployant chacun deux panneaux solaires de 30x30 cm et deux antennes. Et lundi soir, ils ont observé la phase d’entrée, descente et atterrissage d’Insight pour relayer les données vers la Terre.




Le JPL s’est félicité que la mission ait été une franche réussite. «Wall-E» et «Eve» sont arrivés sur Mars sans encombre, ont photographié la planète et transmis la bonne nouvelle de l’atterrissage d’InSight en huit minutes chrono, soit le temps nécessaire à une onde radio pour atteindre la Terre. Les gros satellites qui orbitent Mars et servent traditionnellement de relais pour les atterrisseurs et les rovers, comme l’américain Mars Reconnaissance Orbiter (MRO), n’étaient pas bien positionnés pour observer toute la scène et transmettre les données dans la foulée. L’expérience ouvre tout un champ de perspectives pour l’usage de nano-satellites dans le système solaire.
Camille Gévaudan
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29 novembre 2018, 12:10


Élisabeth Badinter : « Je ne pense pas qu’on puisse parler librement sur Internet »

La philosophe, dont « Les Passions intellectuelles » paraissent en un volume, évoque la violence des réseaux sociaux, qui contraste avec l’idéal de rationalité des Lumières.



Sous le titre Les Passions intellectuelles, les éditions Robert Laffont font paraître un volume de la ­collection « Bouquins » qui regroupe les trois beaux essais consacrés par Elisabeth Badinter à l’effervescence du XVIIIe siècle et des Lumières. C’est l’occasion d’interroger la philosophe sur la vie des idées et son évolution.

Voilà plus de quinze ans qu’est paru le premier tome de votre trilogie. Que vous inspire cette réédition dans le contexte actuel ?
Cela me fait plaisir car je pense, peut-être naïvement, que nous avons un besoin fou de rationalité. Le combat des philosophes du XVIIIe siècle, c’était quand même celui de la rationalité ­contre les superstitions. A une époque où l’irrationnel prend une place immense dans notre vie sociale et intellectuelle, revenir à ce combat me semble un geste opportun, peut-être beaucoup plus encore qu’au moment où j’ai publié ces textes pour la première fois.

« Les intellectuels ont changé de maître, mais pas d’esclavage », écriviez-vous à la fin du troisième tome des « Passions », pour expliquer que les clercs obéissaient de moins en moins au roi et de plus en plus à l’opinion. À qui obéissent les intellectuels aujourd’hui ?
Aux réseaux sociaux ! Tout le monde en a peur. Moi je n’y suis pas, je tiens à ma tranquillité et je crains de me prendre au jeu, mais j’entends ce qu’on dit et je lis ce qu’en raconte la presse. Il y a des sujets qu’on aborde à peine, sur la pointe des pieds. En ce qui concerne #metoo et #balancetonporc, j’ai été impressionnée par le silence de féministes historiques, parfois fondatrices du MLF, qui n’étaient pas d’accord avec la façon dont la parole se ­libérait, interdisant toute nuance, toute objection… mais qui avaient si peur ­qu’elles se sont tues. Les réseaux sociaux ont doublé le pouvoir d’une opinion publique qui est libre de dire ce qu’elle veut, mais qui est souvent peu nuancée, peu avertie et d’une violence inouïe. Jamais la presse ou les médias en général n’ont eu une telle puissance d’intimidation. On peut critiquer autant qu’on veut la tribune parue dans Le Monde sur #metoo signée, notamment, par Catherine Deneuve. Il reste que ce qui s’est passé est incroyable : elle est devenue une cible mondiale. L’opinion publique du XVIIIe siècle, la doxa, respectait les savants, les philosophes, et elle était limitée. C’était déjà une menace indirecte pour la pensée, la critique, mais ce n’était rien du tout à côté de ce qui se passe au­jour­d’hui : personne n’a envie de se faire écraser sous les insultes de millions de gens. Ce pouvoir des réseaux sociaux, je le ressens paradoxalement comme une censure !


« On est bien seul : j’ai un tel besoin de “communauté” », écrivait Mauriac dans une lettre à Jacques Maritain. Les intellectuels ne sont-ils pas d’autant plus intimidés par les réseaux qu’ils sont travaillés, dans leur solitude, par un désir de « communauté » ?

Je crois qu’il faut distinguer entre les ­intellectuels reconnus par l’opinion publique et la jeune classe des intellectuels. Au départ, quand on est Diderot, Rousseau, d’Alembert, et qu’on déjeune chaque semaine à l’Hôtel du Panier fleuri, on forme une amicale communauté. Mais quand les mêmes émergent au regard de l’opinion publique, alors le groupe éclate, parce que les rivalités prennent le dessus. Et là on est seul. Chez les intellectuels, le sentiment communautaire ne dure pas. Ce chacun pour soi, je l’observe aujour­d’hui, où l’on peut avoir les pires conflits avec des gens dont on était proche dix ans plus tôt. Et cela ne peut qu’être aggravé par les réseaux sociaux qui sont, pour les intellectuels, la communauté de la peur.

Sur Twitter, au fil des années, les ­choses se sont durcies, au point que chacun semble fuir la discussion loyale et désirer des ennemis plutôt que des contradicteurs. Assiste-t-on, en retour, à une « twitterisation » du débat intellectuel ?
Je n’ai pas l’impression que les relations entre intellectuels ont fondamentalement changé depuis vingt ans. Oui, il y a une sorte de distance que l’on met entre soi et les autres, mais je n’ai pas le sentiment qu’on les traite en ennemis. Peut-être même les intellectuels vont-ils retrouver un sentiment communautaire grâce à l’hostilité des réseaux sociaux ? Si nous faisons l’objet de la détestation générale, cela peut remettre un peu de vie entre nous ! Les intellectuels pourraient régresser de six ou sept siècles, et retrouver la vie des clercs qui s’expliquaient ­entre eux dans les couvents, sans que personne d’autre intervienne. On ­continuera de réfléchir, on échangera, on fera des colloques, on s’engueulera, mais on sera entre nous. Je reste donc relativement optimiste : la vie intellectuelle, c’est un choix, un plaisir, une douleur, mais c’est aussi un besoin, et même si cela doit redevenir l’expérience d’un microcosme coupé du monde extérieur, rien ne pourra la faire cesser.

Au XVIIIe siècle, le champ intellectuel était déjà un champ de bataille. ­Voltaire évoquait la « guerre des rats et des grenouilles », selon une formule qui parlera sans doute à quiconque fréquente les réseaux sociaux…
Mais le facteur important, c’est le nombre. Oui, à l’époque des philosophes, il y avait des clans politiques ennemis, on ­représentait Rousseau à quatre pattes en train de manger des salades, c’était violent, et Twitter représente sans doute la radicalisation de tout cela. Mais à l’époque cela concernait un microcosme. La quantité de haine personnifiée, cela change les choses. Si cette tendance ­twitteuse l’emportait aujourd’hui, ce ­serait la fin de la réflexion et de la ­connaissance hors des couvents ! En même temps, là encore, je reste assez optimiste : ce faux savoir, ces provocations, cette haine… on en a déjà assez, on va se lasser de tout ça, j’espère.



Les correspondances ont toujours été fondamentales pour la vie ­intellectuelle. Que deviennent-elles à l’ère numérique ?
C’est une source de savoir qui est aujourd’hui coupée, car on ne s’écrit plus de lettres. Les courriels, on les supprime, ou ils s’effacent, et puis ça va vite. Les lettres de philosophes que je cite dans mes livres pouvaient faire 8, 15, 20 pages, assez pour exprimer un raisonnement. Si la correspondance est fondamentale pour la vie intellectuelle, c’est que, en général, la censure ne s’y exerce pas, on peut y ­exprimer toutes ses pensées. Et j’ai remarqué quelque chose : dans les correspondances du XVIIIe siècle, même les gens très collet monté, un scientifique comme Réaumur par exemple, finissent toujours par se lâcher, et donc par éclairer quelque chose de leur personnalité. Aussi les correspondances régulières sont-elles la source d’une connaissance approfondie des destinataires, et de ­controverses fécondes. On n’est pas inquiet et même si on a tort parfois, on estime qu’on peut parler librement. Or je ne pense pas qu’on puisse parler librement sur Internet. Moi, je n’ai jamais participé à une polémique intellectuelle par courriel ! D’ailleurs, je n’entretiens aucune correspondance digne de ce nom par courriel. Quand j’écris une lettre, je suis plus confiante. Pas vous ?
Jean Birnbaum
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29 novembre 2018, 12:40


Friture sur les ondes gravitationnelles

Leur première détection en 2015 a débouché sur l’attribution du prix Nobel deux ans plus tard. Mais certains doutent que ces déformations de l’espace-temps aient bien été enregistrées par les détecteurs LIGO et Virgo.

Par David Larousserie, publié dans le Monde le 25 novembre 2018



Le 16 février 2016, la planète a été secouée par une annonce sensationnelle. Pour la première fois, des ondes d’un nouveau genre avaient été détectées sur Terre, conséquences de la fusion entre deux trous noirs. L’observation elle-même, par deux instruments jumeaux de l’expérience LIGO installés aux Etats-Unis, date du 14 septembre 2015  : le sursaut des « aiguilles » des deux détecteurs de l’ordre du millième du diamètre d’un proton a été suffisant pour affirmer qu’une onde, dite « gravitationnelle », prévue par la relativité d’Einstein, avait traversé la Terre.

Le retentissement est mondial et, dès l’année suivante, le prix Nobel est accordé aux pionniers de ces expériences, Rainer Weiss, Barry Barish et Kip Thorne.

Le 3 novembre 2018, nouvelle secousse, un article du magazine New Scientist titré « Adieu les ondes ? » détaille des doutes sur l’annonce de 2016. « Nous pensons que LIGO a échoué à apporter des preuves suffisantes de la détection d’une quelconque onde gravitationnelle », y explique Andrew Jackson, chercheur à l’Institut Niels Bohr (INB) de Copenhague (Danemark), dans le magazine britannique. Au Monde, il précise : « Il y a une sorte de signal dans les données mais je n’ai pas idée de ce que ça peut être. En particulier, je ne vois pas de preuves que ce soit causé par une onde gravitationnelle ou même un quelconque phénomène astrophysique. »

Dès l’annonce de 2016, ce chercheur et des collègues de l’INB ont été surpris, comme d’autres d’ailleurs, que la première onde arrive quelques jours seulement après le début de l’expérience et qu’elle soit créée par une valse de trous noirs plus lourds qu’attendu – une trentaine de fois la masse du Soleil. Cependant, quatre autres événements gravitationnels ont ensuite été recensés, et les astrophysiciens ont su justifier l’existence de trous noirs de la taille trouvée.

L’équipe danoise s’est alors plongée dans les méthodes d’analyse de LIGO pour les critiquer. Selon elle, il s’agirait de sorte de technique « autoréalisatrice ». Les effets de tout un ensemble de paires de trous noirs différents sont calculés, puis comparés aux signaux enregistrés. Et une fois la bonne paire trouvée, la conclusion est que ce sont bien des trous noirs qui sont à l’origine du phénomène ! « C’est une méthode connue pour être “dangereuse” ! », tranche Andrew Jackson.

« Cette méthode des templates [« gabarits »] est excellente pour trouver des signaux prédits par la relativité générale. Elle est reconnue par la communauté scientifique et très féconde », rétorque David Shoemaker, le porte-parole de LIGO, qui pointe en retour des erreurs de conception dans les méthodes de l’INB. En outre, l’article publié en février 2016 par LIGO (associé à Virgo, l’expérience quasi jumelle européenne), mentionne que deux méthodes ont en fait été utilisées, l’une reposant sur les gabarits, l’autre, plus « aveugle », consistant à extraire un signal nouveau d’un bruit de fond permanent, et qui soit cohérent entre les deux instruments.

Car s’il a fallu attendre si longtemps entre la prédiction d’Einstein et sa vérification sur Terre, c’est que les mesures sont délicates à réussir. En permanence les « bras » des détecteurs bougent en raison de perturbations extérieures, qui sont souvent plus importantes que celles causées par le passage d’une onde gravitationnelle. Les équipes de LIGO/Virgo ont pourtant réussi à identifier un clapotis anormal dans une mer déchaînée. Puis, pour interpréter ce signal, ils l’ont comparé à différents modèles astrophysiques, impliquant des fusions de trous noirs mais pas seulement.

Cette complexité explique sans doute le malaise à la lecture d’un autre argument cité par New Scientist. La première figure, dûment publiée en 2016 par Physical Review Letters détaillant l’incroyable découverte, aurait été faite « à la main » !

Critiques de la méthode
« L’analyse conduisant à la preuve de l’existence d’ondes gravitationnelles n’est pas dans cette figure, mais dans une autre plus loin dans l’article. Je ne comprends pas pourquoi les Danois restent bloqués sur cette figure », soupire Jo van den Brand, porte-parole de Virgo. La raison est peut-être que LIGO/Virgo n’a pas été assez clair dans cet article. Les chercheurs ont présenté, par souci pédagogique, les enregistrements des instruments ainsi que des courbes-gabarits de fusion de trous noirs, mais pas les « bonnes ». C’est-à-dire pas exactement celles correspondant le mieux aux données enregistrées. Résultat, découvert avec stupeur et présenté par les Danois dans un article de 2017 : une fois ces courbes retranchées des enregistrements, les signaux restants sont corrélés, comme si les défauts des deux instruments séparés de 3 000 km étaient liés. Impossible ! Sauf que cette corrélation inquiétante disparaît si l’on prend les « bonnes » ondes, comme viennent d’ailleurs de le montrer d’anciens membres de LIGO en novembre. Une démonstration à laquelle entend bien répondre Andrew Jackson…

En réponse aux critiques, LIGO, qui a mis en ligne bon nombre de données et de logiciels, cite également les dizaines d’articles qu’elle a publiés, et plusieurs articles, non issus de ses rangs, qui ont confirmé l’existence d’un signal, les valeurs des paramètres des trous noirs et l’absence de corrélation entre les « bruits » des deux instruments.

Un autre argument vient d’une autre onde, détectée le 17 août 2017. Ce jour-là, pour la première fois, un événement astrophysique a été vu non seulement par LIGO mais également par des télescopes spatiaux et terrestres, dans le visible, les ondes radio et les rayons X... Il a été attribué à la fusion de deux étoiles à neutrons. Cette coïncidence temporelle et géographique dans le ciel devrait plaider contre les positions des sceptiques.

Des points troublants
Eh bien non. Andrew Jackson relève divers points troublants sur cet événement. Les enregistrements de LIGO ont été à ce moment-là perturbés par un problème technique et il ne croit pas que ses collègues aient pu le « nettoyer » a posteriori. Il note aussi que l’alerte internationale envoyée aux spécialistes a d’abord été donnée par le télescope spatial Fermi puis par LIGO, alors que ça aurait dû être le contraire. Mais, là aussi, LIGO/Virgo conteste. Le pépin n’a atteint qu’un des deux détecteurs, et « il ne concerne qu’une petite plage de temps, moins de 1 % des données, donc facile à nettoyer », explique Jo van den Brand. En outre, le retard de LIGO par rapport à Fermi s’explique par une panne de communication entre les détecteurs et un système d’alerte pas aussi bien rodé que celui des astronomes. De plus, il a été montré que le signal gravitationnel est bien arrivé sur Terre avant celui de Fermi.

Cependant, en octobre, une nouvelle secousse est survenue, liée à cet événement d’août 2017. Le Journal of Cosmology and Astroparticle Physics, le même que celui dans lequel l’INB a publié ses articles critiques, a publié l’analyse d’une équipe italienne, qui considère que les signaux détectés ne seraient pas dus à la fusion de deux étoiles à neutrons mais à celle de deux naines blanches (de petites étoiles), incapable de secouer les instruments de LIGO. L’un des problèmes est que le modèle astrophysique utilisé par ces chercheurs est considéré comme marginal et seulement soutenu par cette équipe… « Tous les signaux détectés avaient déjà été prédits théoriquement ou observés précédemment et collent avec la fusion de deux étoiles à neutrons », rappelle Brian Metzger, de l’université Columbia.

La controverse n’est pas seulement technique. Des membres de LIGO sont venus à l’INB en août 2017 pour débattre de leurs méthodes respectives. A la fin des discussions, les participants ont résumé au tableau leurs conclusions et une phrase indique alors que « la détection de septembre 2015 n’est pas discutable ». Surprise. Aujourd’hui, Andrew Jackson, qui nous a pourtant envoyé la photo de ce tableau, explique : « Non, tous mes collègues ont dit qu’ils n’étaient pas d’accord ! ». « Je suis triste de cette réaction », soupire Duncan Brown, de l’université Syracuse (Etats-Unis), membre de LIGO à l’époque et présent à cette réunion.

Il résume la situation : « Il n’y a pas de controverse scientifique sur les paramètres des événements de 2015 ou 2017. Mais certains points posent des questions intéressantes. Il y a eu ainsi des erreurs dans certains programmes mis en ligne par LIGO. La première figure de l’article de 2016 aurait pu être plus claire. Enfin, les données et logiciels mis en ligne manquent d’informations pour permettre à des chercheurs de vérifier indépendamment ce qui a été fait par LIGO ».

LIGO/Virgo promet dans quelques mois un article méthodologique plus clair sur ses méthodes.
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La course aux preuves
D’autres annonces sur les ondes gravitationnelles n’ont, elles, pas résisté au temps. Dans les années 1960, Joseph Weber, aux Etats-Unis, prétend avoir détecté le phénomène grâce à un gros cylindre. Sans convaincre. Mais il aura eu le mérite de relancer les recherches sur ce sujet. En mars 2014, c’est la collaboration américaine BICEP2 qui, lors d’une conférence de presse, explique avoir trouvé une preuve indirecte de leur existence en étudiant la première lumière de l’Univers apparue 380 000 ans après le Big Bang. Le scepticisme est vite de mise et, quelques mois plus tard, des spécialistes réalisent que l’équipe de BICEP2 a mal utilisé les données d’une autre expérience et sous-estimé les effets de poussières de notre galaxie sur la lumière. Ce qui annule le résultat.
David Larousserie
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29 novembre 2018, 13:30

Quelques illustrations glanées dans les pages du Monde à propos des « Implants files »
Bioprothèse en péricarde bovin pour implantation percutanée (TAVI) de la société Edwards. 
Diamètre de 23, 26 ou 29 mm, hauteur d’environ 20 mm.

 

Prothèse mammaire macro-texturée (en haut) et lisse (ici)

Vitrine avec prothèses au stand Ceraver pendant le congrès de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (Sofcot) en novembre 2018 au Palais des Congrès à Paris.

 Prothèse de hanche sans ciment retirée d'un patient

Après nettoyage, les explants sont analysés sous microscope optique numérique pour rechercher des anomalies structurelles ou des dégradations. Ci-dessus, une endoprothèse aortique.

À Strasbourg, des explants autopsiés comme les patients
Prothèse de hanche retirée d’un patient
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29 novembre 2018, 15:15


Retour sur la victoire de Magnus Carlsen hier, contre Fabiano Caruana.




Magnus Carlsen conserve son titre de champion du monde d’échecs
Le Norvégien s’est imposé face à l’Américain Fabiano Caruana lors des rencontres de départage.
Par Pierre Barthélémy 

Au football, il est théoriquement possible (avec un peu de chance) de gagner la Coupe du monde sans remporter le moindre match et même sans marquer le moindre but. On peut, en cumulant les 0-0, s’extirper de la phase de poule puis décrocher le titre suprême simplement en brillant à l’épreuve des tirs au but, qui sert à départager les protagonistes en cas d’égalité. Si cette possibilité devenait un jour réalité, on imagine le peu d’enthousiasme et de considération dont bénéficieraient les vainqueurs et l’ensemble de la compétition.

Peu probable au football, ce scénario vient de s’accomplir au championnat du monde d’échecs, qui s’est terminé mercredi 28 novembre à Londres. Le tenant du titre, le Norvégien Magnus Carlsen, l’a emporté face à l’Américain Fabiano Caruana lors des rencontres rapides de départage, l’équivalent échiquéen des tirs au but. Les deux hommes étaient en effet à égalité 6 points partout au terme des 12 parties en rythme classique, qui s’étaient toutes soldées par la nulle, une première dans la longue histoire des échecs.

En revanche, lors des rapides, exercice dans lequel Carlsen excelle, ce dernier n’a laissé aucune chance à son adversaire. Tout s’est joué dans la première rencontre : pris par le temps alors qu’il défendait une position tenable, Caruana a commis une erreur, punie immédiatement par Carlsen, qui semblait jouer comme une machine. Désormais obligé de prendre des risques, Caruana a trop poussé ses pions dans la deuxième partie et le Norvégien a effectué un fulgurant sacrifice de fou qui entamait une combinaison fatale. L’Américain a vite abandonné. Dans la troisième partie, il a joué crânement sa chance avec une sicilienne tandis que Carlsen, assis sur une position solide, laissait venir son adversaire avant de subitement ouvrir le jeu, d’échanger plusieurs pièces et de dominer un Caruana de nouveau pressé par la pendule. 3-0, le score est rude, presque cruel, mais logique étant donné la supériorité manifeste de Carlsen en rythme rapide.

Un match qui a déçu
Il sera donc écrit dans les annales que Sven Magnus Oen Carlsen, champion du monde depuis 2013, aura pour la troisième fois défendu victorieusement son titre juste avant ses 28 ans, qu’il fêtera le 30 novembre. Mais c’est probablement tout ce que l’histoire du jeu des rois retiendra de ce match. La succession de douze parties nulles a déçu. Certes, il n’y a pas eu de ces « nulles de salon », ces parties où deux joueurs peu désireux d’en découdre se partagent sagement le point après avoir gentiment poussé quelques pièces. Le match de Londres a vraiement été disputé mais il est déplorable qu’aucune partie n’ait été décisive.

Les occasions n’ont pas pourtant pas manqué. Dès la première partie, Magnus Calsen aurait pu ouvrir le score. Cependant, un jeu imprécis a fait s’évanouir l’avantage qu’il avait pris sur un Fabiano Caruana qui n’avait jusque-là jamais joué un championnat du monde. L’Américain était bien préparé, mieux sans doute que son adversaire, dont ce n’est pas le point le plus fort, mais il a manqué de tranchant dans les parties où il était en meilleure posture.

Le Norvégien n’a quant à lui pas fait preuve de sa précision et de sa patience légendaires, lui qui est habitué à triturer, à presser les positions jusqu’à ce que le sang en sorte. Ainsi, dans la douzième et dernière partie, il a proposé la nulle dès qu’il l’a pu, dans une situation sans risque où il avait clairement l’avantage. Comme si le broyeur était en panne. Comme si l’infatigable et impitoyable guerrier s’était soudait mué en pacifiste frileux. Pour reprendre la comparaison avec le football, on a cru voir soudain une équipe jouer à la passe à dix dans son terrain en attendant cyniquement l’épreuve des tirs au but où elle excelle. Un choix vertement critiqué par l’ancien champion du monde russe Garry Kasparov qui, dans un tweet, a écrit que Carlsen « semblait perdre son sang-froid ».

Crise existentielle ?
Sur le site Chessbase.com, un autre ex-champion du monde russe, Vladimir Kramnik, a, avant le départage, manifesté son incompréhension face au choix du Norvégien dans cette douzième partie : « Je ne peux pas l’imaginer agir ainsi il y a quelques années. » Kramnik, un des joueurs les plus capés et les plus fins du circuit, croit voir chez Carlsen une sorte de crise existentielle, qui se traduit par un jeu moins dominateur et une énergie moindre : « Quel que soit le résultat du match, il devrait commencer à réfléchir un peu, à se poser quelques questions : pourquoi joue-t-il aux échecs ? Est-ce qu’il y prend vraiment du plaisir ? Que souhaite-t-il obtenir des échecs ? »

Au cours de la conférence de presse qui a suivi sa victoire, Magnus Carlsen a répondu de manière cinglante à ses deux illustres prédécesseurs : « Je pense que j’ai pris la bonne décision, a-t-il déclaré. Et pour ce qui est de l’avis de Garry et de Vlad, ils ont le droit d’avoir des opinions stupides. » Le Norvégien conserve donc son titre pour deux années supplémentaires. Mais il n’est plus le dominateur de jadis. Il est simplement primus inter pares, le premier parmi ses pairs.
Pierre Barthélémy

Dans la deuxième partie, [la première est ici, tout en bas] Fabiano Caruana n'a pas suivi le conseil d'Igor-Alexander Nataf et a rejoué sa Svechnikov avec 7.Cd5, mais Magnus Carlsen a préféré 11...Db8 au lieu du 11...Ff5 de la 12e partie, qui a débouché sur une première réflexion du Norvégien après 17.g3.

Dans le 1er diagramme (ci-dessus), Caruana vient de pousser 21.c5!? 0-0! Si 21...dxc5 22.Fxc5! Fxc5 23.Db5+. 22.c6!? bxc6 23.dxc6 Tfc8 24.Dc4 Fd8 25.Cd5 e4 26.c7? Avec 26.Fd4! les Blancs étaient bien. 26...Fxc7 27.Cxc7 Ce5, 2e diagramme, ci-dessous, avec un grand avantage noir :

 28.Cd5? Rh7 évite la fourchette en e7 et Caruana abandonne. 0-1, comme dans le 3e diagramme, en bas :

Magnus Carlsen inflige ainsi une deuxième défaite consécutive à un Fabiano Caruana apparemment abattu après avoir raté la nulle dans la première partie.

Dans la troisième partie, condamné à l'emporter, Fabiano Caruana a choisi une défense Sicilienne par 1.e4 c5 2.Cf3 e6, contre laquelle Magnus Carlsen a placé un étau de Maroczy avec 3.c4 Cc6 4.d4!? cxd4 5.Cxd4 Fc5 6.Cc2, laissant à son adversaire le soin de trouver comment briser les scellés. Le 1er diagramme après 21...Ce7 montre une position encore pleine de vie :
Dans le 2e diagramme après 29.Dxd2, au contraire, Carlsen a fait un peu le ménage et les chances de gain des Noirs se sont pratiquement toutes évaporées :
29...Fa8 30.fxe5 Dxe5 31.Cd7 Db2 32.Dd6!? Cxd7 33.Dxd7 Dxc2 34.De8+ Rh7 35.Dxa8 Dd1+ 36.Rh2 Dd6+ 37.Rh1 Cd4 38.De4+ f5 39.gxf5 gxf5, dernier diagramme :
La majorité de pions à l'aile-Dame, plus rapide que l'action sur l'aile-Roi, a donné un avantage décisif à Carlsen. Magnus Carlsen remporte ainsi le tie-break en parties rapides contre Fabiano Caruana pour conserver son titre mondial; même si la planète échecs aurait certainement apprécié encore plus un champion du monde vainqueur en parties classiques...













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