Turner Cody antifolk, cubes et chiffres qu'on efface

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26 octobre 2018 -- 11:00

Turner Cody avec le groupe de Nicolas Michaux au 210 hier, c'était très bon.


Nicolas Michaux, on le connaît bien désormais, est toujours un musicien et un mélodiste parfait – sa voix (quand il chante « J'irai danser avec vous » sur scène) donne le frisson. Mais il vit un peu sur le succès passé (2006) de son formidable album « À la vie, à la mort ». Son set avec Turner Cody fut donc plus que bienvenu hier : quatre guitares, une batterie, pas de claviers, de synthés, de boucles, de vidéos en arrière-plan – rien que du brut subtil, façon post-Dylan, avec parfums hawaïens et country, sur des textes nasillés par l'homme au chapeau, simples et fins... Tout ça fit mouche (comme dirait notre inénarrables Roger-Pierre Turine – nous en reparlerons le 6 décembre). En plus, nous avons appris le mot « antifolk » – merci David D. !


Ce qui m'a amusé, c'est le cachet qu'on vous met (encore) à l'entrée sur le bras : on a beau numériser le monde (ticket acheté en ligne, QRcode dans un coin, scan dudit à la caisse), le bon vieux tampon résiste, avec son encre qui tache !

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26 octobre 2018 -- 11:40

L'article du Monde du jour est de Philippe Dagen – avec un passage surligné (par moi) d'une sorte de jaune clair (« Regarder ne suffit plus »)  pour dire : attention, important !-)
Picasso, 1915
> Le mot « cubisme » vient évidemment de « cube », le critique Louis Vauxcelles (1870-1943) ayant écrit de Braque, en novembre 1908, qu’il « réduit tout, sites et figures et maisons, à des schémas géomé­triques, à des cubes ». Satirique à sa naissance, le terme est repris en 1909 par les défenseurs de ces nouveautés, le plus célèbre étant Apollinaire. Depuis, « cubisme » appartient à la langue de l’histoire de l’art, comme « impressionnisme » ou « surréalisme ». Si ce n’est qu’il est plus difficile à définir que ces deux-là et la plupart des avant-gardes en « isme ».
En dépit d’Apollinaire, il n’existe pas de manifeste du cubisme. Ce n’est évidemment pas une manière spécifique et durable de peindre et de sculpter, mais une suite d’expérimentations en constante évolution, jusqu’à des résultats de plus en plus nettement distincts. Quoi de commun entre un papier collé de Picasso de 1912 et une Fenêtre de ­Delaunay de la même année ? Entre une nature morte de Braque de 1913 et un Picabia exactement contemporain ? En raison de ces différences, ce n’est donc pas non plus un groupe. Braque et Picasso, d’une part, et ceux qui se disent cubistes à partir de 1910, d’autre part, n’exposent pas ensemble. Ils ne sont liés ni par des amitiés ni par des solidarités.
Quand Léger, Delaunay, Gleizes et Metzinger exposent ensemble au Salon des indépendants de 1911 dans la salle 41, première manifestation collective du ­ cubisme, c’est sans Braque et Picasso, qui refusent toute participation à des manifestations de ce genre, et sans Duchamp, ­Picabia et Kupka, qui sont dans d’autres salles. Quand la « salle cubiste » du Salon d’automne 1912 fait scandale, elle rassemble Kupka, Picabia ou Le Fauconnier, mais ni les fondateurs ni Gris ou Derain. Circonstance aggravante : dans ces années, la critique rappelle systématiquement que ­Picasso serait à l’origine de ce mouvement, bien qu’il n’y participe pas et en refuse toute paternité. On imagine son agacement quand Vauxcelles, toujours subtil, écrit, à l’occasion du Salon des indépendants de 1912, dont ­Picasso est évidemment absent : « Picasso, qui, il y a une dizaine d’années, ne manquait pas de ­talent, est le chef des messieurs ­cubistes, quelque chose comme le père Ubu-Kub. » Et ainsi de suite jusqu’en 1914.
Une opération délicate et courageuse
Sans doute est-ce pourquoi les expositions générales du cubisme sont rares. Quand, en 1989, le MoMA de New York s’attaque au sujet, l’exposition s’appelle « Braque and Picasso : Pioneering Cubism ». Les autres, tous les autres en sont exclus. Depuis, il y a eu des vues partielles, sur tel o­u tel aspect de la question, tels ou tels artistes, mais pas de synthèse. Celle que tente le Centre ­Pompidou est donc une opération délicate et courageuse. Elle l’est en raison de ces questions de cohérence et de continuité. Elle l’est parce qu’il est de plus en plus difficile d’emprunter les Braque, Picasso, Léger ou Duchamp nécessaires : les valeurs d’assurance sont exorbitantes et les musées de plus en plus réticents à prêter leurs chefs-d’œuvre.
Réunir plus de trois cents pièces est donc déjà, en soi, remarquable. Il est loin d’être certain qu’une telle exposition puisse se répéter dans l’avenir, si le renchérissement hystérique des valeurs financières se poursuit. Des ensembles comme celui des figures et natures ­mortes de Braque et Picasso de 1910-1911 et celui des collages des mêmes en 1912-1913, qui sont ici présentés, sont donc, en eux-mêmes, exceptionnels.
Braque, 1917
On voit aussi ceux qui n’ont pu être constitués : si le Metropolitan de New York a laissé venir le Portrait de Gertrude Stein, du maître catalan, si le Kunstmuseum de Bâle se distingue par le nombre et l’importance des œuvres qu’il prête, on ne peut en dire autant du MoMA. Quant aux grands Picasso de 1908 des musées russes acquis par ­Chtchoukine avant 1914 qui étaient à la Fondation Louis ­Vuitton en 2016, ils ne sont pas revenus, et on craint de savoir pour quelle raison budgétaire.
Les œuvres sont présentées dans l’ordre chronologique, de 1907 à la première guerre mondiale. Dans la première moitié du parcours, il n’y a donc que deux protagonistes, Braque et Picasso. Ils s’émancipent du postimpressionnisme et du symbolisme, modes dominantes. Ils ne s’arrêtent pas au fauvisme de Matisse et Derain de 1905 et se servent de Cézanne comme d’un contre-modèle : l’accentuation du volume contre la bidimensionnalité plate de Matisse, la réduction de la ­couleur contre l’éblouissement chromatique de Derain.
Cézanne, 1889

Picasso, 1908
Regarder ne suffit plus
Objets et corps sont pétrifiés, « cubes », ­formes fuselées ou ovoïdes, denses et dures. Cette définition du cubisme par l’angle droit, la sphère ou toute autre géométrie dans l’espace, que Braque et ­Picasso inventent en 1908 et explorent jusqu’à l’hiver 1909-1910, est celle qui est reprise et systématisée par ceux qui se réclament du cubisme à partir de 1910. Quand paraissent dans le parcours les Gleizes, Metzinger, La Fesnaye ou Le Fauconnier, on a donc l’impression de revenir en arrière. C’est qu’à ce moment Braque et Picasso sont loin, partis dans une direction inconnue : inventer des modes de figuration du monde qui ne procèdent plus par l’imitation visuelle des corps et des choses, mais par des dispositifs de signes suggestifs activés par des opérations logiques, donc mentales. La perception optique ne suffit plus à reconnaître le joueur de guitare et la table du café, perdus dans la prolifération des lignes et des touches de gris et d’ocres. Il faut observer, inventorier ces signes, les compléter, établir des relations entre eux. Ce qui est peint est de l’ordre de la métonymie, de l’allusion, du diminutif, du jeu de mots parfois. Regarder ne suffit plus, et la fonction du spectateur en est changée, rien de moins.
Mondrian, 1914

Henri Laurens, 1918
Les toiles que Braque et Picasso avancent comme des hypothèses et leurs vérifications à partir de 1911 sont continuées par leurs papiers collés l’année suivante. Ceux-ci ajoutent d’autres modes de désignation : le fragment de réalité inséré pour lui-même – journal, affichette, réclame… –, la technique du faux bois et du faux marbre propre aux décorateurs. Un langage absolument nouveau se constitue, plus complexe que l’imitation picturale et mieux adapté au quotidien de la ville moderne et de la presse. Et propice aussi à l’autobiographie cryptée, dans le cas de Picasso.
À ces expériences, les « cubistes » autoproclamés de 1911 ne comprennent rien. De là, dans l’exposition, une rupture de plus en plus évidente entre les deux expérimentateurs et ceux qui font de ce qu’ils appellent « cubisme » un style, qui s’appliquerait au bronze, à la reliure ou à l’architecture. Ces maniéristes habiles et superficiels se nomment Modigliani, Csaky ou Laurens. Ce dernier occupe du reste, dans le parcours, une place un peu excessive par rapport à ce qu’il est : un suiveur virtuose. A ce moment de l’histoire, en 1914, alors que Picasso intègre le trompe-l’œil et le dessin linéaire dans son langage, on peut diviser le cubisme en deux.
Il y a, d’une part, le ­cubisme artistique, ensemble de procédés plastiques immédiatement identifiables, diffusés par l’engouement qui se répand alors à Londres, Milan, Berlin, Moscou et New York. C’est le cubisme international à succès des années 1920 qui commence. Et, d’autre part, le cubisme intellectuel qui exige qu’aucun acquis ne soit jamais tenu pour définitif, que les certitudes soient remises en question, que le mouvement soit perpétuel. Soit, en schématisant, d’un côté, la voie Braque : beaux tableaux, harmonies équilibrées, formules plastiques au point. On y trouve Gris, Delaunay et Léger. Et, à contresens, la voie Picasso : œuvres déconcertantes, ruptures, questions sans fin. On y trouve Picabia et Duchamp.
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« Le cubisme ». Centre Pompidou, galerie 1, niveau 6, Paris 4e. Du mercredi au lundi de 11 heures à 21 heures, 23 heures le jeudi. Entrée : de 11 € à 14 €. Jusqu’au 25 février 2019
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26 octobre 2018 -- 12:00

Un clin d’œil à mes amis typographes (dont Alain H.) – le journal Le Monde « papier », dans le même article, réussit à couper en deux le mot « ou » en fin de ligne (alors que le « ou » suivant ne l'est pas) – bravo les gars !
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26 octobre 2018 -- 12:10

Gros chapitre maths maintenant – et retour sur les nombres qu'il faut purger de leurs chiffres apparaissant plus d'une fois (ainsi 1223 devient-il 13). Ce que Neil Sloane a failli appeler The Angelini Map (il avait bu) fonctionne ainsi : on prend un nombre de départ, on le purge éventuellement de ses « chiffres dupliqués », on lui applique une fonction (par exemple « ajouter 11 ») et on itère le processus. 

Ainsi le départ 1 et la fonction « ajouter 11 » donne-t-il la séquence S :
S =
1,12,23,34,45,56,67,78,89,100=1,12,13, ... laquelle S boucle donc sur elle-même.

Le départ 2018 et la fonction « multiplier par 2 » donne la suite T :
T =
2018,4036,8072,16144=6,12,24,48,96,192,384,768,1536,3072,6144=61,122=1,2,4,8,16,32,64,128,256,512,1024,2048,4096,8192,16384,32768,65536=3,6,12,24,... encore une entrée en boucle. 

Le départ 1 et la fonction « multiplier par 2018 » boucle très, très vite !
A = 
1, 2018, 4072324=73, 147314=73, 147314=73,...

J'avais posé urbi et orbi (ce blog, la liste SeqFan, le groupe Sci.Math) la question suivante : que donnerait le départ 1 et la fonction « factorielle » (on prend 1 qu'on multiplie par 1, puis on multiplie le résultat par 2, puis le résutlat par 3, puis le résultat par 4, etc.) ?

Éric Lafontaine (via la liste Oulipo) fut le premier à donner la réponse : quel que soit le départ choisi, il est impossible d'obtenir une suite qui comporte plus de 78 termes. Plusieurs nombres de départ permettent d'atteindre 78 termes – mais le plus petit d'entre eux est 24603. EF explique bien ceci là.

Lars Blomberg s'est occupé de la fonction « mettre au carré » et m'a envoyé les résultats ci-dessous, formidables :

For the "square" function I find that up to n=10^7 all start values end with either:

—> Empty
—> Cycle 1: 86, 7396, 547816, 12985, 805, 648025, 1325, 1762, 3106, 94723.
—> Cycle 2:  3986, 596, 3216, 103425, 197325, 897162, 652, 2510, 631.
or
—> One of the fixed points 1, 1465, 4376, 89476.

Voici par exemple le départ  2 et la fonction « mettre au carré » ; on voit qu'elle se termine dans le cycle 1 trouvé par Lars :


2, 4, 16, 256, 3, 9, 81, 51, 2601, 75201, 694, 4813, 2314, 3496, 6, 36, 1296, 79, 6241, 3951, 564, 318096, 82, 6724, 4576, 2036, 15296, 2971, 2641, 69741, 46371, 5094, 259436, 89, 7921, 671, 5021, 50, 25, 625, 390625, 17906, 48, 2304, 5308416, 17456, 4796, 23, 529, 279841, 730952, 5986, 582196, 9546, 92, 86, 7396, 547816, 12985, 805, 648025, 1325, 1762, 3106, 94723, 86,...

Merci Lars !

En attendant d'autres développements, on trouve déjà ceci dans l'OEIS – dont les graphes sont déments (bravo Neil) :


Breaking News :
Jacques Tramu vient de mettre en ligne un outil fabuleux pour calculer « en effaçant » :
http://www.echolalie.org/echopost/
En voici le mode d'emploi ultra-simple et ultra-performant (je recopie son mail) :

EchoPost sert à fabriquer des post-it, listes, etc.
 
- Dans le cas particulier (effaçage) : choisir Liste -> E-calculs pour créer un nouveau post-it d'effaçables 
- Glisser un post-it sur la poubelle pour s'en débarrasser 
- Tout est automatiquement sauvegardé 
- On peut avoir plusieurs tableaux (Menu tableau) 

- Toutes opérations arithmétiques : 
⊕ 3 * 4 * 5 ☞ 60 
⊕ 3 * 422 * 5 ☞ 60 
⊕ 67 - 1 ☞ 0 
⊕ 

- Variables : 
⊕ a = 33 ☞ 0 
⊕ b = 3 ☞ 3 
⊕ a * b ☞ 0 
⊕ ⊕ a + b ☞ 3 
⊕ a + 3*b ☞ 9 

- La variable $ = dernier résultat :
⊕ 2018 ☞ 2018 
⊕ $*$ ☞ 73 
⊕ $*$ ☞ 5329 
⊕ $*$ ☞ 3941 
⊕ $*$ ☞ 348 
⊕ $*$ ☞ 204 
⊕ $*$ ☞ 4 
⊕ 

- répéter la dernière op : ! 
⊕ 2018 ☞ 2018 
⊕ $*$ ☞ 73 
⊕ ! ☞ 5329 (n=1) 
⊕ ! ☞ 3941 (n=2) 
⊕ ! ☞ 348 (n=3) 
⊕ ! ☞ 204 (n=4) 
⊕ ! ☞ 4 (n=5) 
⊕ 

- Pour faire une suite  = f(n) , n = 0,1,2,3,... 
⊕ a = 23*n + 7 ☞ 7 
⊕ ! ☞ 30 (n=1) 
⊕ ! ☞ 53 (n=2) 
⊕ ! ☞ 76 (n=3) 
⊕ ! ☞ 0 (n=4) 
⊕ ! ☞ 1 (n=5) 
⊕ ! ☞ 145 (n=6) 
⊕ ! ☞ 168 (n=7) 
⊕ 

- Pour écrire une fonction : 
⊕ function foo(x) { return x*x + x + 1;} ☞ {...} 
⊕ foo(1) ☞ 3 
⊕ foo(1000) ☞ 3 
⊕ foo(3) ☞ 13 
⊕ foo(10) ☞ 0 
⊕ 


- Pour écrire un commentaire :
⊕ // et j'avais oublié
⊕ // ceci est un commentaire

- Plus compliqué (contacter l'équipe technique si besoin) 
⊕ function gee(nmax) { for (var i= 0; i < nmax; i++) print(foo(i));  } ☞ {...} 
⊕ gee(20) ☞ ... 1 3 7 13 21 31 43 57 73 91 0 1 157 183 2 241 273 307 4 381 


Je viens de jouer avec ça pendant quelques quarts d'heure – j'espère que le week-end sera pluvieux car j'aurai à faire ! Merci Jacques !
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26 octobre 2018 -- 13:59
Pause déjeuner.
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26 octobre 2018 -- 14:59

Rigolé comme un bossu au Willem du jour dans Libé :


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26 octobre 2018 -- 14:60

Encore (un peu) de maths ?

Jean-Marc Falcoz et l'auteur sont assez fiers de cette suite  U, calculée fin août 2018 :
U = 21, 10, 1, 910, 11, 8, 2, 91, 71, 12, 78, 9, 210, 22, 5, 3, 61,...
Construisons U' à partir de U ; le premier terme de U' est la somme des deux chiffres qui encadrent la première virgule de U, soit 1 et 1 dont la somme fait 2 :

U' = 2, ...

Les chiffres qui encadrent la deuxième virgule de U sont 0 et 1, qui ont pour somme 1 :

U' = 2, 1, ...

Les chiffres qui encadrent la 3e virgule de U sont 1 et 9, de somme 10 :

U' = 2, 1, 10, ...

Et ainsi de suite avec la 4e virgule, la 5e, la 6e, etc. On aboutit rapidement à :

U' = 2, 1, 10, 1, 9, 10, 11, 8, 2, 9, 17, 11, 2, 7, 8, ...


Mettons en regard U et U' maintenant :

U = 21, 10, 1, 910, 11, 8, 2, 91, 71, 12, 78, 9, 210, 22, 5, 3, 61, ...
U' = 2, 1, 10, 1, 9, 10, 11, 8, 2, 9, 17, 11, 2, 7, 8, ...

Passez muscade : les deux suites partagent la même succession de chiffres !
L'OEIS l'a accueillie ici.

Les auteurs ont calculé de même la suite où les termes de U' sont à chaque fois le produit des chiffres qui encadrent les virgules successives de U :

U = 0, 1, 11, 101, 12, 51, 13, 41, 501, 111, 103, 14, 15, 30, ...
U' = 0, 1, 1, 1, 10, 1, 12, 5, 1, 1, 3, 4, 15, ...

Pareil, la succession des chiffres de U est la même que la succession des chiffres de U'.

Il reste aux auteurs à calculer les suites U et U' qui mettent en jeu les différences absolues des chiffres qui encadrent les virgules de U. Ce sera pour plus tard (ou jamais ?-)
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26 octobre 2018 -- 15:45

Sinon dans l'actualité de l'insignifiant (pléonasme ?) il y a cette nouvelle d'une bêtise abyssale :

On aura noté le coup de marketing qui consiste à faire « signer » l'œuvre (?) en bas à droite, d'une formule (?) mathématique... Que dit notre journal préféré :

> Un tableau conçu par un programme d’intelligence artificielle adjugé 432 500 dollars.

L’œuvre, vendue aux enchères chez Christie’s, est le fruit des expérimentations d’un collectif de jeunes artistes français.
Par NICOLAS SIX

Dans la salle d’enchères de Christie’s à New York, jeudi 26 octobre, après une folle escalade ayant atteint une somme à six chiffres, le marteau a bien fini par tomber. La toile est partie à 432 500 dollars (soit 381 000 euros), une somme plus de quarante fois supérieure à l’estimation de Christie’s. Cette estimation était compliquée par la nature même du tableau : un portrait conçu par une intelligence artificielle. Il s’agirait d’ailleurs selon Christie’s de la première œuvre créée par un algorithme à être vendue dans une maison d’enchères.

Intitulée Edmond de Belamy, cette œuvre dépeint un personnage aux traits flous. Elle n’a pas été peinte, mais reproduite par une imprimante à jet d’encre sur le modèle d’une image numérique, conçue par un ordinateur. Cette toile est le résultat d’un long processus dirigé par le collectif français Obvious, composé de trois jeunes diplômés de moins de 30 ans, dont un ingénieur, un entrepreneur et un artiste revendiqué.

Inspiré par l’histoire de la peinture
« Nous avons nourri le système avec un jeu de données de 15 000 portraits peints entre le XIVe et le XXe siècle » a déclaré à Christie’s Hugo Caselles-Dupré, l’un des membres du collectif. Le programme d’intelligence artificielle a ensuite appris par lui-même à imiter ces toiles, après un long processus d’essais et d’erreurs. Une fois entraîné, l’ordinateur a créé des milliers de toiles, parmi lesquelles les artistes d’Obvious ont patiemment sélectionné les onze meilleures à leurs yeux.

Le programme d’intelligence artificielle employé par Obvious doit beaucoup à son inspirateur, le GAN, un algorithme dont il reprend des éléments. Dans un communiqué, Obvious rend hommage à son créateur : « Nous aimerions remercier la communauté de l’intelligence artificielle, en particulier les pionniers qui ont commencé à l’utiliser, dont Ian Goodfellow, le créateur de l’algorithme GAN. Et l’artiste Robbie Barrat, qui a été une grande source d’influence pour nous. » Un artiste américain âgé de 19 ans, déjà fort d’une petite notoriété grâce aux œuvres créées avec le GAN.

Manque d’originalité
Le journal américain The New York Times note que la communauté des artistes travaillant avec l’intelligence artificielle a réagi assez vivement à l’annonce de la vente. Beaucoup ont jugé le portrait peu original. Ce type d’intelligence artificielle repose en effet sur le principe de l’imitation, et la difficulté pour un artiste est souvent d’aller au-delà, pour créer des résultats inattendus.

Le site d’information Arnet a interrogé un responsable de Christie’s, Richard Lloyd, sur les raisons qui ont présidé au choix de cette œuvre – de nombreux tableaux réalisés avec différents systèmes d’IA ont été conçus ces dernières années. « Nous l’avons choisie en raison de son processus de création, a-t-il répondu. Obvious a essayé de limiter l’intervention humaine au minimum, afin que le résultat reflète de façon pure la forme de créativité de la machine. »
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26 octobre 2018 -- 17:00

On arrête tout pour aller voir les Sisters Brothers. Recension demain.
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