Giorgia Meloni, extrême droite

Édito de Dov Alfon

Giorgia Meloni côté pile, côté faf

La présidente du Conseil italien use d’une duplicité vieille comme le monde : rassurer par sa politique extérieure pour mieux terroriser à l’intérieur. Une stratégie qui inquiète à l’heure où l’extrême droite vise le pouvoir en France.
 
La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, à Beyrouth le 27 mars 2024.

par Dov Alfon
publié aujourd'hui à 20h42 dans Libération

Ceux qui voudraient calculer la profondeur de l’abîme dans lequel plongerait la France si l’extrême droite y arrivait au pouvoir ont plusieurs scénarios possibles à élaborer, mais aucun n’est plus clair, menaçant et immédiat que le virage antidémocratique de l’Italie sous Giorgia Meloni. Premier chef d’Etat d’extrême droite sur le Vieux Continent depuis Benito Mussolini, et première femme à diriger l’Italie, Meloni est aussi la dirigeante la plus habile, la plus calculatrice et la plus impitoyable d’Europe occidentale.

Depuis son accession au pouvoir, elle a réussi en moins de dix-huit mois à museler les médias du service public, entraver l’accès à l’IVG, assécher les institutions culturelles, harceler les couples LGBT +, émasculer les contre-pouvoirs, persécuter les demandeurs d’asile et surtout réécrire l’histoire pour mieux assombrir l’avenir. Tout ceci grâce à une duplicité politicienne vieille comme le monde : rassurer par sa politique extérieure pour mieux terroriser à l’intérieur. S’alignant tout en sourires sur la position de l’Union européenne sur les sujets où son ascension au pouvoir était redoutée – la guerre en Ukraine, les vaccins contre le Covid, la transition écologique, le conflit israélo-palestinien, le réarmement de l’Otan ou le déficit budgétaire – Meloni a charmé les dirigeants qui auraient pu limiter sa politique autoritaire, le président américain allant jusqu’à l’embrasser tendrement sur la tête lors de sa visite à la Maison Blanche.

Quant à un possible Brexit italien, même les membres les plus inflexibles de son parti, Fratelli d’Italia, n’en parlent presque plus. Et pour cause, il s’agit pour eux de rester dans l’Union européenne pour mieux la détruire de l’intérieur. Notre enquête sur les tactiques de Giorgia Meloni est édifiante, de Rome à Bruxelles, mais ses résultats ne surprendront pas outre mesure les lecteurs de Machiavelli.

Retour de bâton

Mœurs, sécurité, jeunesse... : comment la post-fasciste Giorgia Meloni met l’Italie à sa botte


Interdiction des rave partys, criminalisation des parents, placement des mineurs en préventive, diatribes contre l’IVG, pressions sur les LGBT +, contre-pouvoirs attaqués… L’extrême droite modifie en profondeur la société italienne.

Giorgia Meloni, le 23 novembre 2023 à Berlin.

par Eric Jozsef, correspondant à Rome
publié aujourd'hui à 20h26 dans Libération

C’est tout de blanc vêtue que Giorgia Meloni est arrivée en visite officielle, début mars, à la Maison Blanche pour un long entretien avec le président américain, Joe Biden. A la sortie, la présidente du Conseil italien était on ne peut plus radieuse. Alignée sur le soutien occidental à l’Ukraine, partenaire fiable de l’Otan, Giorgia Meloni est désormais choyée par le démocrate octogénaire, lequel n’a pas hésité, sous l’œil des caméras, à l’embrasser paternellement sur la tête. Hors d’Italie, la leader des post-fascistes transalpins s’est ainsi normalisée. Celle, qui au moment de son accès au pouvoir en octobre 2022 suscitait craintes et perplexité dans les chancelleries occidentales s’est parfaitement fondue dans le décor politique international. Oublié la nostalgie mussolinienne de son parti, ses positions passées pro-Poutine («Stop aux sanctions à la Russie», soutenait-elle après l’annexion de la Crimée en 2014) et ses attaques contre l’Union européenne. A l’extérieur, Giorgia Meloni vend désormais une sorte de conservatisme à l’italienne, de droite nationale et décomplexée.

Mais dans la péninsule, les mesures sécuritaires et stigmatisantes pour certains groupes de la population se multiplient. Et l’allergie aux contre-pouvoirs est manifeste. En novembre 2022, dès son entrée en fonction, Giorgia Meloni adopte un décret-loi qui veut donner le ton de son action sous le signe de la répression. Après une rave party qui avait réuni un millier de jeunes pour Halloween dans une usine désaffectée près de Modène, le gouvernement a dégainé une mesure radicale : des peines de réclusion de trois à six ans et une amende de 1 000 à 10 000 euros pour les organisateurs ayant promu «l’invasion de terrains et d’édifices» ainsi que la confiscation du matériel et l’autorisation donnée à la police de placer en amont les suspects sur écoute. «Pour le seul fait de participer à l’invasion, la peine est réduite», est-il vaguement indiqué dans le décret-loi. Fin 2023, le secrétaire d’Etat à la Justice, Andrea Delmastro, se réjouit : «En un an, nous avons anéanti les rave partys illégales.»

«Mesure démentielle»

«Il n’y a plus de grandes rave partys, observe le journaliste musical, Damir Ivic. Tous les grands événements comme le Teknival ne passent plus par l’Italie. Difficile de savoir avec certitude si c’est une conséquence de la loi gouvernementale. Il y a encore des rave partys, plus petites, mais elles doivent chercher à ne pas se faire repérer.» En octobre, une centaine de jeunes, dont 28 mineurs, n’ont pas eu cette chance. Ils ont été identifiés par la police et signalés à la justice pour s’être réunis dans un hangar, à Monza. La mesure sur les rave partys apparaît presque anecdotique mais elle va dessiner le schéma d’action du gouvernement : dès qu’un fait divers ou de société met en émoi l’opinion publique, l’extrême droite au pouvoir sort le bâton.

A l’automne, c’est après un fait divers sordide que Giorgia Meloni introduit une nouvelle série de mesures punitives. A Caivano, dans une banlieue populaire de Naples, deux fillettes auraient été à plusieurs reprises abusées par un groupe d’adolescents. Rapidement, la cheffe de gouvernement concocte un décret-loi qui prévoit notamment de lourdes sanctions contre les parents dont les enfants ne fréquentent plus le système scolaire, à savoir la suspension éventuelle des allocations-chômage, mais aussi jusqu’à deux ans de réclusion pour les géniteurs défaillants. «C’est une mesure démentielle qui témoigne de la volonté de résoudre un problème social par une réponse pénale. Au lieu de forcer la responsabilité des parents en leur apportant un soutien, on répond par la punition», considère Mauro Palma, ancien garant national des personnes privées de liberté qui pointe d’autres mesures, comme la possibilité de placer en détention provisoire des mineurs pour trafic de drogue même de petite quantité. Signe évident des conséquences du «décret Caivano», l’association Antigone pour les droits et les garanties dans le système pénal dénonce une forte hausse (+20 %) du nombre de jeunes placés dans les instituts pénitenciers pour mineurs déjà surpeuplés.

La main est tout aussi lourde contre les activistes du collectif Ultima Generazione (UG) qui mènent des opérations spectaculaires pour alerter sur la catastrophe climatique. Traités «d’éco-vandales», les militants qui jettent par exemple de la peinture («lavable» précisent les activistes) sur des monuments risquent désormais jusqu’à 60 000 euros d’amende et cinq ans de réclusion. Une menace qui commence à se traduire par des condamnations. «Pour avoir collé des affiches sur la vitrine de protection du «Printemps» de Botticelli à la galerie des Offices de Florence, j’ai reçu une amende de 20 000 euros», raconte Alessandra Pipitone, 21 ans, porte-parole d’UG. Quant à la douzaine de militants qui ont récemment bloqué une route à Civitavecchia, ils ont été arrêtés en «flagrant délit» et ont passé trois jours en détention. Trois d’entre eux ont déjà reçu une peine de six mois de réclusion. «Les mesures d’intimidation se multiplient», assure Alessandra Pipitone, dont les parents reçoivent régulièrement la visite des services de renseignement de la police, alors qu’elle ne vit plus avec eux.

Abolition du délit d’abus de pouvoir

«Il y a une attaque de plus en plus systématique contre les initiatives et les lieux de socialisation de la jeunesse, que ce soient les rave partys, les manifestations pour la défense du climat, les mobilisations estudiantines», observe Paolo Notarnicola, coordinateur national de la Rete degli Studenti Medi, un collectif de lycéens, qui dénonce les interventions musclées de la police. Fin février à Pise, des forces antiémeutes ont violemment réprimé un cortège pacifique qui manifestait en faveur de la Palestine. «Cela faisait longtemps, sans doute depuis le G8 de Gênes [en 2001, ndlr] que l’on n’avait pas vu de telles scènes, avec des jeunes désarmés, les mains levées mais qui, malgré tout, sont durement matraqués par la police.» Devant une telle violence, le chef de l’Etat, Sergio Mattarella, a enfreint sa réserve présidentielle pour dénoncer publiquement un «fait grave».

«On constate un raidissement très fort contre des délits qui suscitent de la préoccupation parmi la population mais que l’on peut définir comme mineurs, comme l’immigration clandestine ou les rave partys, et à l’inverse un recul en ce qui concerne d’autres secteurs de l’illégalité», considère le procureur Eugenio Albamonte, ancien président de l’association nationale des magistrats, en référence notamment à l’abolition du délit d’abus de pouvoir en passe d’être approuvée par le Parlement au grand dam des associations anticorruption.

Par petites touches, l’extrême droite au pouvoir avance ses pions sur ses thèmes de prédilection. «En apparence, le gouvernement ne touche pas au droit à l’IVG», explique ainsi la gynécologue Silvana Agatone, présidente de l’association Laiga pour l’application du droit à l’avortement. «Mais en réalité, nous devons souvent trouver des solutions pour faire venir à Rome des femmes de Naples ou même de Sicile qui, sur place, ne trouvent pas de médecins disponibles.» Prévue par la loi, l’objection de conscience des soignants est en effet extrêmement répandue. Dans certaines régions, notamment dans le Mezzogiorno, les femmes ne trouvent aucune structure pour recourir à une IVG. Le phénomène n’est pas nouveau, mais la ministre de la Famille, de la Natalité et de l’Egalité des chances, Eugenia Roccella, a clairement revendiqué sa position. «L’avortement est-il une liberté des femmes ? Malheureusement oui et ce n’est pas une belle chose», a-t-elle affirmé. «De plus en plus de collectivités locales [gouvernées par l’extrême droite] financent les associations pro-Vita qui vont dans les hôpitaux pour dissuader les femmes d’avorter ou encore organisent des funérailles et des cimetières pour les fœtus», dénonce Silvana Agatone, qui redoute un coup de force de la majorité. Fin 2022, le vice-président du Sénat, Maurizio Gasparri (Forza Italia), a de nouveau présenté une proposition de loi pour reconnaître «une personnalité juridique au fœtus»«Je crains que cela finisse un jour par passer», met en garde la gynécologue.

«Changement d’atmosphère»

«Les petites victoires que nous avions obtenues au cours des dernières années sont remises en question», s’inquiète aussi Manuela Belmonti, fondatrice de Famiglie Arcobaleno, une association de parents homosexuels. «Ils nous ont pris en ligne de mire, nous sommes les ennemis à abattre.» Le gouvernement a non seulement fait voter un texte qui fait de la gestation pour autrui «un délit universel» (avec jusqu’à deux ans de prison et un million d’euros d’amende pour les contrevenants) mais aussi demandé aux maires de ne plus transcrire automatiquement les actes de naissance des enfants de famille homoparentale. Récemment, le tribunal de Padoue a rejeté la demande d’effacer le nom de la mère non biologique à l’état civil. Un espoir pour les couples homosexuels. «Mais l’inquiétude demeure. Pour faire valoir nos droits, il nous faut recourir à la justice. Cela signifie des frais et de l’incertitude, s’indigne Manuela Belmonti. Le climat a changé. Les homophobes relèvent la tête et se sentent autorisés à multiplier les agressions verbales. Le général Vannacci est l’emblème de ce changement d’atmosphère.» Ancien commandant d’un régiment de parachutistes, le haut gradé est l’auteur d’un livre homophobe et raciste Il Mondo al contrario qui s’est déjà vendu à plus de 200 000 exemplaires. Désormais figure médiatique, courtisé par la Ligue de Matteo Salvini, il considère que les homosexuels «ne sont pas des personnes normales» et stigmatise le désir de parentalité des couples LGBT + en soutenant que c’est aussi peu naturel que le cannibalisme.

Dans l’opinion publique, l’idée est assez répandue que les mesures du gouvernement sont avant tout des effets d’annonce. «Nous, nous sentons la différence», assure à l’inverse Andrea Costa, président de l’association Baobab Experience, de soutien aux migrants à Rome, qui souligne que «les contrôles policiers sont devenus systématiques. C’est plus difficile de travailler car on est toujours à la limite d’être accusé de favoriser l’immigration clandestine. Déjà avec les gouvernements précédents, les choses n’étaient pas simples mais la situation a empiré.»

Depuis toujours favorable à un exécutif fort, Giorgia Meloni s’apprête à faire voter au Parlement une réforme constitutionnelle qui renforcerait considérablement les pouvoirs du Premier ministre. Déjà, «il y a une tendance du pouvoir à voir les organes de contrôle, que ce soit la Cour constitutionnelle, la magistrature ou la Cour des comptes comme des entraves», estime Eugenio Albamonte. Au début de l’année, Giuliano Amato, ancien Premier ministre et président émérite de la Cour constitutionnelle, est allé plus loin en estimant que l’Italie de Giorgia Meloni pourrait bien succomber à l’illibéralisme sur le modèle hongrois ou polonais : «On pense que c’est inconcevable mais cela pourrait arriver.»

Changement stratégique

Dans l’Union européenne, l’extrême droite en voie de normalisation

À l’image de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, les partis de droite radicale du continent ont effectué leur mue sur les questions européennes. Une stratégie payante sans toutefois parvenir à surmonter des divisions sur le rapport à la Russie ou aux valeurs ultraconservatrices.

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, avec la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, lors d'un sommet à Bruxelles le 21 mars 2024.

par Jean Quatremer, correspondant européen

publié aujourd'hui à 20h31 dans Libération

La sortie de l’Union et de l’euro, c’est définitivement «has been» depuis le Brexit qui a effrayé les opinions publiques continentales. Et en ces temps incertains où la guerre a fait son retour sur le continent, la sortie du parapluie de l’Otan est tout aussi passée de mode, comme l’ont montré les adhésions de la Finlande et de la Suède, mais aussi le référendum de juin 2022 par lequel les pourtant très eurosceptiques Danois ont décidé de rejoindre la politique de défense européenne (avec 66 % des suffrages). Les populistes et l’extrême droite ont, de fait, pris conscience que leur europhobie risquait d’être un plafond de verre : désormais, ils veulent rester dans l’Union européenne (UE), mais pour la changer de l’intérieur, exactement le projet défini par le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán.

«Depuis 2019, date des précédentes élections européennes, on a assisté à un changement stratégique des partis européens d’extrême droite qui ont toujours été plus eurosceptiques que leurs électeurs», confirme le politiste Olivier Costa, directeur de recherche au CNRS et au Cevipof. «L’extrême droite veut montrer qu’elle est dans le jeu démocratique, qu’elle est une force de propositions et pas seulement “antisystème”, poursuit-il. Désormais, elle parle d’Europe, de politique migratoire, de Russie, d’économie, etc., comme les partis classiques».

Les gages donnés par Meloni

Giorgia Meloni, la Première ministre et patronne du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia (FdI), à la tête de l’un des six pays fondateurs de l’Union européenne, est le symbole le plus visible de ce réalignement (lire page précédente). Alors que beaucoup pensaient qu’elle serait une trouble-fête, à l’image de Viktor Orbán, elle a, au contraire, dès son accession au pouvoir en octobre 2022, donné des gages à ses partenaires en excluant un «Italxit» ou une sortie de l’euro. A Bruxelles, elle est une «bonne élève» européenne : soutien inconditionnel à l’Ukraine, allante sur la défense européenne, jeu collectif sur l’immigration ou sur la politique économique, elle se comporte en dirigeante responsable, défendant les intérêts de son pays, mais acceptant les compromis. On est très loin de ses meetings de campagne enflammés et europhobes. A tel point qu’Ursula von der Leyen, la présidente (conservatrice) de la Commission européenne, l’emmène dans beaucoup de ses déplacements à l’étranger, que ce soit en Tunisie, en Ukraine ou en Egypte, une proximité qu’elle n’a jamais entretenue avec Emmanuel Macron, à qui elle doit pourtant son poste, ou Olaf Scholz, le chancelier (social-démocrate) allemand.

Même le Rassemblement national (RN) ne milite plus ouvertement pour un «Frexit» : comme le rappelle l’eurodéputé Nicolas Bay, désormais passé chez Reconquête d’Eric Zemmour, «en 2019, la ligne de Florian Philippot a été abandonnée». En avril 2023, dans un entretien donné au quotidien italien La Repubblica, Marine Le Pen expliquait ainsi qu’elle restait «sceptique» non pas sur l’Europe, «mais sur l’organisation politique de l’UE», ce qui n’est pas la même chose. De même, le très europhobe Geert Wilders, patron du PVV qui a gagné haut la main les élections législatives néerlandaises de novembre, a abandonné l’idée d’un référendum sur le «Nexit» (ainsi que l’arrêt d’un soutien à l’Ukraine) pour essayer, en vain, de devenir Premier ministre de son pays. En fait, dans l’Union, reconnaît Nicolas Bay, «il ne reste plus guère que l’Alternativ für Deutschland [AfD], et encore, et le Vlaams Belang flamand pour prôner la fin de l’UE», deux partis pourtant alliés au RN au Parlement européen puisqu’ils siègent au sein du groupe politique Identité et Démocratie (ID).

Cependant, cela ne veut pas dire que les droites radicales européennes sont unies, loin de là : «Il y a celle qui siège au sein d’ID (RN, VB, PVV, FPÖ autrichien…), laïque voire athée et qui n’est pas réactionnaire sur le plan sociétal, notamment sur les droits des LGBT+, et celle des conservateurs eurosceptiques du groupe politique de l’ECR (le PiS polonais, FdI, Reconquête…) qui défend une Europe des valeurs chrétiennes.» A cela s’ajoute l’attitude à l’égard de la Russie : alors qu’ID a les yeux de Chimène pour Vladimir Poutine et rejette l’Alliance atlantique, ce n’est pas le cas de l’ECR, totalement alignée sur l’Ukraine et qui défend fermement l’Otan.

Le «cordon sanitaire» pourrait être remis en question

Mais cette recomposition de l’extrême droite pose un redoutable problème au Parlement européen qui a institué un «cordon sanitaire» autour d’ID afin de lui interdire tous les postes à responsabilité au sein de l’assemblée. Dès lors que plusieurs des partis qui le composent sont proches du pouvoir et représentent une part croissante des citoyens européens (ID pourrait même devenir le troisième ou quatrième groupe politique), on peut se demander si ce cordon est encore justifié. «C’est un héritage des années 1980, lorsque le FN de Le Pen père ou encore les sulfureux Republikaner allemands ont fait irruption au Parlement alors qu’à l’époque l’écrasante majorité des groupes était fédéraliste, rappelle Olivier Costa. Tout le monde était horrifié par ces gens qui voulaient détruire l’Europe.» Mais avec leur poids électoral, leur «normalisation», aidée par la diffusion de leurs idées, leur travail sur le terrain et au sein des Parlements où ils sont présents, est-il encore démocratiquement tenable de les isoler d’autant qu’ECR (et donc Reconquête et sans doute bientôt le Fidesz hongrois) n’est pas concerné par ce cordon ?

«Même si ID reste profondément d’extrême droite, anti-immigrés, anti-élites, complotistes et souvent antisémites, la question se pose», estime Olivier Costa. Si la fin du cordon sanitaire paraît douteuse, du moins pour la prochaine législature, ne serait-ce que parce que les socialistes, les centristes, les verts et la gauche radicale ne l’assumeront pas, des alliances de circonstance avec les conservateurs du PPE, par exemple pour édulcorer le Pacte vert ou pour freiner l’élargissement, sont d’ores et déjà au programme, comme l’assume ouvertement Manfred Weber, le patron du PPE.



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