9e partie à Dubaï
Nepomniachtchi vs Carlsen : Partie n°9
Après quatre parties nulles avec les pièces blanches sur le thème de l’Espagnole variante anti-Marshall, sans rien obtenir de concret, si Ian Nepomniachtchi a un début de partie de rechange, le moment de s’en servir semble venu...
« Les chances de Ian de remporter le match peuvent encore être estimées à environ 20 pour cent », a déclaré Sergey Karjakin. « Jusqu’à maintenant, Ian n’a pas profité de ses opportunités et n'a pas montré son meilleur jeu », a souligné le grand-maître. « Ce n’est pas du tout le Ian qu’on a vu dans le Tournoi des Candidats, dans la Superfinale du Championnat de Russie et dans d’autres compétitions qu’il a remportées. » Source https://rsport.ria.ru/20211207/shakhmaty-1762514144.html
Magnus Carlsen : « Je dois m’attendre à ce que le match entre dans une phase quelque peu différente. Un adversaire désespéré est un adversaire très dangereux ! » Source https://vimeo.com/user26796298
Toujours lors de la conférence de presse, aux questions concernant la façon de gérer un déficit de deux points, lorsqu’on a demandé à Nepomniachtchi quelle stratégie a été préparée pour une telle situation, Ian a eu une réponse simple : « Évidemment ce n’était pas prévu ! » Et il se pourrait même que la sentence omineuse d’Alexander Grischuk : « Je n’exclus pas la possibilité que le segment des parties 6 à 8 puisse se terminer sur le score de 3 à 0 en faveur de Carlsen » se révèle parfaitement juste, simplement décalée d'une partie.
Garry Kasparov, hier sur Twitter : « L’éternel paradoxe des performances aux échecs est de savoir comment apprendre de vos échecs tout en continuant à agir comme si vous étiez invincible. Vous devez apprendre et oublier simultanément. »
Nous vous l’avions déjà dit : un match de championnat de monde d’échecs forme un tout. C’est un bloc de marbre sculpté avec chaque partie, chaque variante, presque chaque coup. C’est facile d’être critique, un œil rivé sur la jauge d’évaluation de l’ordinateur, mais c'est autre chose d’être assis là, sur cette chaise, à gérer le stress et la pression de ce bras de fer mental. Magnus Carlsen l’a confié à la télévision norvégienne, avec sa sincérité habituelle, après sa victoire dans la huitième partie : « Jamais je n’aurais gagné cette partie sans avoir gagné la sixième. »
En effet, sortir de son contexte la gaffe 21...b5? serait ridicule. Comment ça ? Un grand-maître à 2782 Elo, challenger pour le titre mondial, ne voit pas qu’il perd un pion en 1 coup ? Et sur échec qui plus est ? Impossible ! Et pourtant...
Selon World Chess, « Népo » aurait demandé l’aide de Sergey Karjakin, qui s’est envolé pour Dubaï afin de planifier un « come-back ». Pour Viswanathan Anand : « L’objectif principal du challenger est d’en gagner une rapidement, faire douter son adversaire et ainsi conserver une chance théorique de revenir au score. » À n’en point douter, une victoire de Ian relancerait complètement le match !
En terme de « come-back » c'est à Garry Kasparov qu’il serait judicieux de faire appel. Lors du championnat du monde d’échecs 1984-1985, Anatoly Karpov mène rapidement le match 4 à 0 après 9 parties, puis 5 à 0 après la 27e, les parties nulles n’étant pas comptabilisées. Garry Kasparov remporte ensuite la 32e, puis les 47e et 48e parties, avant l’interruption du match par le président de la FIDE, Florencio Campomanes, officiellement pour préserver la santé des joueurs. Le score est de +5 ; -3 ; =40 pour Karpov qui conserve son statut de champion du monde, mais Kasparov obtient l’organisation d’un nouveau match de championnat du monde.
Il n’est plus temps d’attendre et la partie numéro 9 du Championnat du monde d’échecs 2021 pourrait prendre des allures de balle de match si Magnus Carlsen l’emportait. Nepomniachtchi, quant à lui, à la croisée des chemins, avec l’avantage des pièces blanches, doit retrouver le guerrier qui est en lui. « Plutôt mourir debout que vivre à genoux » a dit Emiliano Zapata (1879-1919). Sans aller jusque-là, Ian doit quand-même éviter de sortir piteusement de ce match, ses supporters ne lui pardonneraient pas.
Commentaire du grand-maître norvégien Jon Ludvig Hammer : « Les deux défaites de Nepo sont survenues après deux décisions étranges, toutes deux pour refuser l’échange des Dames : 17...♕xf6 et 10...♕e7. Le match serait toujours à égalité selon moi s’il avait opté pour ces coups évidents. Ne serait-ce pas la stratégie globale du match, consistant à éviter l’échange des Dames, qui se serait retournée contre Nepo et son équipe ? »
Face au challenger, Magnus Carlsen pourrait être tenté de jouer la sécurité - comme son timide 10.♕e1+ dans la huitième partie l’indiquait - mais lorsqu’il lui a été demandé si son avance signifiait une future stratégie consistant à fermer le jeu, il a répliqué d’un : « On verra. Le chronomètre du match tourne, et c’est en ma faveur. »
Commentaires
Enregistrer un commentaire