Cartier, Simmons, Insight, images



Laurrie Simmons
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14 novembre 2018, 11:30


Exposition : « Géométries Sud » ou le continent de l’abstraction

La Fondation Cartier, à Paris, réunit près de 250 œuvres, du Mexique à la Terre de Feu, jusqu’au 24 février 2019. Par Philippe DagenLe Monde du 12 novembre 2018.


Facundo de Zuviria, Fray Bentos, Uruguay, 1993.

La question de la naissance de l’art était débattue ­entre savants à la fin du XIXe siècle. Se fondant sur ce qui était connu – un peu d’ethnologie, très peu de préhistoire –, l’une des principales thèses était que le premier art avait été géométrique, comme les tressages des premiers paniers et les décors incisés des premières poteries. Ces savants, tels John Lubbock ou Alfred Cort Haddon, auraient visité avec passion l’exposition « Géométries Sud », qui est la plus audacieuse intellectuellement de la saison parisienne.

Elle repose sur une observation au long cours : la présence constante de la géométrie dans les arts d’Amérique du Sud, des peuples valdivia qui vivaient le long de la côte Pacifique de l’actuel Equateur au néolithique jusqu’aux artistes contemporains Beatriz Milhazes ou Guillermo Kuitca, elle brésilienne, lui argentin.



Cette géométrie est principalement orthogonale : angles droits, lignes en escalier, quadrillage de carrés, arrangements dominés par une exigence de symétrie. Elle accepte le triangle, du moment qu’il est isocèle ou équilatéral, ainsi que le losange et le trapèze. Le cercle est admis, mais à moindre fréquence, et, plus rarement encore, la spirale et l’entrelacs.

Les lignes qui dessinent ces figures sont tracées avec une parfaite régularité, selon une idée directrice préalable. Les surfaces ainsi définies sont occupées par des couleurs : une par forme. Les ­contrastes chromatiques mettent en évidence la netteté de la composition. La répétition est un principe généralement respecté dans les cultures traditionnelles.

Pour autant, mieux vaut oublier l’adjectif « ornemental », ces formes pouvant être, bien au-delà d’une qualité décorative, des signes à fonctionnement symbolique. Leur répétition répond alors à des raisons qui ne sont pas de pur agrément visuel.

Attention soutenue exigée
A une présentation selon la chronologie des dates de production ou selon la géographie du continent, l’accrochage préfère les juxtapositions délivrées de ces repères. Comme il y a près de 250 œuvres de tous supports et dimensions, du Mexique au nord à la Terre de Feu à l’extrême sud, l’attention la plus soutenue est exigée des visiteurs. Sinon, ils pourraient se tromper.

Ils pourraient prendre les jeunes hommes selknam de Terre de Feu photographiés au début du XXe siècle par Martin Gusinde pour des performeurs des années 1960 à New York ou Paris, se moquant des modes abstraites du moment, en raison des peintures corporelles en bandes noires et blanches alternées qui les changent en créatures fantastiques.


Ils pourraient confondre les répertoires de motifs de tatouage propres aux communautés kadiweu du Mato Grosso avec les projets de façades de l’architecte bolivien Freddy Mamani Silvestre ou avec des études préparatoires de Carmelo Arden-Quin, Uruguayen qui promut après la seconde guerre mondiale une abstraction stricte et en défendit les positions à Paris, où il a vécu de 1948 à sa mort en 2010.

Processus de recyclage
Mamani connaît par cœur les cultures précolombiennes, leurs monuments et leurs textiles, et indianise délibérément des bâtiments qui ne seraient, sans ces parures, que des bâtiments assez banals : il n’y a donc rien d’énigmatique dans le processus de recyclage passablement opportuniste qui fait sa notoriété en Bolivie.

Mais qu’en est-il des artistes du XXe siècle ? Arden-Quin connaissait-il les tressages de laine qu’exécutent les femmes nivaclé, peuple de l’actuel Paraguay, qui obtiennent sur leurs métiers à tisser verticaux des arrangements de lignes à angles droits ? Joaquin Torres Garcia, qui fut une des ­figures majeures de l’abstraction dans l’entre-deux-guerres, les connaissait-il lui aussi ou s’est-il fondé seulement sur le cubisme issu de Braque et Picasso et le néo­plasticisme issu de Mondrian – artistes très éloignés de l’Amé­rique latine ?

À chaque pas, ce sont de telles questions. Il est souvent impossible d’y répondre. Dans la création d’un artiste moderne, comment pourrait-on prétendre distinguer ce qui relèverait d’une tradition culturelle autochtone de ce qui est issu de la connaissance historique ou de la restauration récente de cette tradition, laquelle est entre-temps devenue un élément parmi d’autres dans la ­culture visuelle universelle ? Constituée au cours du XXe siècle, celle-ci est désormais diffusée mondialement.


Signes flagrants d’indianité
Alors, dans ce cas, Malevitch ou les Nazca ? Albers ou les Incas ? La culture calima ou le minimalisme ? Mieux vaut remplacer « ou » par « et », d’autant qu’Albers, les minimalistes, les adeptes de l’op art et ceux du land art se sont intéressés aux civilisations anciennes des Amériques – et des autres continents, évidemment – et les ont assimilées dans leurs propres travaux avant de devenir à leur tour des références pour les générations suivantes qui les ont assimilés... Et ainsi de suite, au fil des reprises et des détournements. La question de l’origine n’a donc plus de sens.



Cela est particulièrement visible dans la toile du Brésilien Luiz Zerbini, La Première Messe. Seule peinture figurative de l’exposition, elle cite une œuvre de Victor Meirelles, La Première Messe au Brésil, exécutée en 1860 et considérée comme une image emblématique de l’histoire nationale.
Dans sa version de 2014, Zerbini substitue aux Indiens néoclassiques, que Meirelles représentait dans un style soigneusement académique, des Indiens aux visages et aux corps écarlates, dans une nature où foisonnent les géométries polychromes droites ou courbes. Celles-ci sont ainsi employées par Zerbini comme des ­signes flagrants d’indianité, mais au troisième ou quatrième degré, à l’inverse de toute naïveté. Ce qui pourrait être la leçon simple d’une exposition complexe : une culture peut toujours en cacher une autre.
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14 novembre 2018, 11:45

Hergé autoréférent, photographié en loucedé chez Filigranes hier :


Et tant qu'à évoquer la méta-B.D., revenons sur ceci :

> Direct parody is only one way in which Kelly calls attention to his medium. In an effort to increase his readers' awareness, Kelly sometimes employs Brechtian alienation effects. For example, his characters' favorite reading is the funny papers, and (...) in an earlier strip (February 28, 1950) Howland Owl instructs Porky Pine in the fine art of comic-strip writing by pointing out the mechanics of date, copyright notice, and signature (see figure 3). Howland's pragmatic attention to mechanical details ironically alerts Kelly's audience to their participation in the artistic experience.


> Songeons (...) au strip de Pogo daté du 28 février 1950, dont Howland Owl procède à la « visite guidée », désignant successivement à Porky la mention de la date, celle du copyright, les phylactères et la signature de l’auteur, comme s’ils s’agissait d’objets présents dans la diégèse (...)

On trouvera d'excellentes choses sur le sujet et .
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14 novembre 2018, 12:00



Une quarantaine d'autres photos de Laurie Simmons datant de la fin des années 1970 sont visibles là. Sa photo la plus connue ouvre cette page. En voici d'autres que le taulier apprécie depuis lurette.


 
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14 novembre 2018, 12:45

Article de Pierre Barthélémy du 5 mai dernier dans le Monde annonçant le départ d'Insight pour Mars :
Vue d’artiste d’Insight. Au sol au premier plan, sous sa cloche protectrice, l’instrument SEIS, qui mesurera les vibrations du sol martien. 

La terre a tremblé, avant l’aube, en Californie, samedi 5 mai. Non pas en raison d’un des séismes redoutés dans la région mais à l’occasion du décollage, depuis la base militaire de Vandenberg, d’une fusée Atlas-V emportant à son bord une mission à 1 milliard de dollars (835 millions d’euros), InSight. Direction Mars, sur laquelle cet engin de la NASA se posera le 26 novembre, après un voyage de plus de six mois et de 485 millions de kilomètres.


« C’est un grand jour. Nous retournons sur Mars », a lancé Jim Bridenstine, patron de la NASA, après le décollage. « C’est important pour notre pays. C’est également important pour le monde et cela établit vraiment le leadership des Etats-Unis de nombreuses façons ». Après environ 1 h 40 de vol, la sonde s’est séparée comme prévu de l’étage supérieur de la fusée : « Je suis toute seule maintenant », peut-on lire sur le compte Twitter d’InSight.

Quitte à décevoir les enthousiastes du spatial, ce ne sera pas une mission spectaculaire avec un rover escaladant des collines, examinant des cailloux ou prenant des photographies de paysage à couper le souffle. Non, InSight est un atterrisseur, c’est-à-dire une plateforme immobile d’instruments scientifiques. Et il ne va pas vraiment s’intéresser à ce qu’il y a sur Mars, mais à ce qu’il y a dedans.

InSight est l’acronyme d’« Interior Explorations Using Seismic Investigations, Geodesy and Heat Transfert ». Ainsi que le résumait, avant le lancement, le responsable du projet, Tom Hoffman (Jet Propulsion Laboratory, NASA/Caltech), malgré tous les engins envoyés sur la Planète rouge depuis des décennies, « jusqu’ici, sur Mars, on n’a littéralement fait que gratter la surface. Avec InSight ce sera la première fois qu’on étudiera la structure interne » d’une autre planète que la Terre.

Une fois posé non loin de l’équateur martien, dans la plaine d’Elysium Planitia, InSight ouvrira, comme des éventails qu’on déploie, ses deux panneaux solaires, puis prendra quelques semaines pour installer ses deux principaux instruments.

Le premier, SEIS (Seismic Experiment for Interior Structures), est un sismomètre ultra-précis fourni par le Centre national d’études spatiales (CNES). La NASA a en effet profité de l’expérience du Français Philippe Lognonné (Institut de physique du globe de Paris, IPGP) en la matière. Expérience malheureuse jusqu’ici : depuis trois décennies Philippe Lognonné travaille sur un projet de sismomètre martien. Son premier instrument était à bord de la mission russe Mars96 mais celle-ci ne devait jamais vraiment quitter la Terre en raison d’une défaillance de sa fusée après le décollage et se désintégra dans le Pacifique le 17 novembre 1996. Le projet suivant, NetLander (CNES et Agence spatiale européenne), de quatre petits atterrisseurs destinés à étudier la géophysique de Mars, ne vit jamais le jour, abandonné après la phase d’études…

Une planète à remonter le temps
Sauf catastrophe – par exemple lors de l’entrée, toujours délicate, dans l’atmosphère martienne, ou au cours de l’atterrissage –, la troisième tentative devrait être la bonne pour le sismomètre d’inspiration française. Posé à terre et placé sous une sorte de cloche à fromage qui le protégera des intempéries martiennes, SEIS « écoutera » l’intérieur de la Planète rouge, à l’affût de ses moindres vibrations. Au cours des deux années de la mission, les chercheurs espèrent ainsi détecter plusieurs dizaines de « tremblements de Mars ».


La fusée Atlas-V sur son pas de tir, quelques heures avant le compte à rebours final.

Comme on en a fait l’expérience sur Terre depuis longtemps, l’analyse des ondes sismiques est un outil précieux pour sonder les entrailles d’une planète. Elles livrent des indices sur les différentes couches qu’elles traversent. Les planétologues attendent donc de SEIS qu’il leur dise à quelles profondeurs se situent les frontières entre croûte et manteau, entre manteau et noyau, et qu’il leur fournisse des données sur la composition de ces couches.

Pour ces scientifiques, qui veulent remonter à la formation des planètes rocheuses dans le Système solaire, l’information est d’importance : tandis que, sur Terre, la tectonique des plaques a progressivement digéré toute la croûte originelle, le phénomène ne s’est pas produit sur la Planète rouge, très peu active (voire pas du tout) sur le plan tectonique, probablement à cause de sa petite taille.

Mars pourrait donc servir de témoin de l’état initial d’une planète tellurique. Il sera même possible de remonter plus avant dans le temps et d’avoir des informations plus précises sur la composition du disque proto-planétaire, cette nébuleuse de matière tournant autour du Soleil naissant, à partir de laquelle se sont formées les planètes.

Les géophysiciens espèrent aussi comprendre comment le volcanisme martien, qui a jadis été impressionnant, s’est affaibli au point de sembler avoir disparu. Cerise sur le gâteau : la précision de SEIS devrait aussi permettre de détecter les ondes sismiques émises par… les impacts des quelques météorites qui s’écrasent chaque année sur Mars.

Taupe robotisée
Le deuxième gros instrument, HP3 (Heat Flow and Physical Properties Probe), fourni par le DLR, équivalent allemand du CNES, constitue lui aussi une première.

Il s’agit d’une sorte de taupe robotisée qui, en donnant pendant plusieurs semaines de nombreux petits coups de marteau, s’enfoncera entre 3 et 5 mètres sous la surface martienne pour y installer des capteurs de température. L’objectif est de mesurer la quantité de chaleur qui remonte et s’échappe de l’intérieur de Mars, de déterminer à quelle vitesse les entrailles de la planète se refroidissent mais aussi de dire à quelle profondeur l’eau martienne se trouve sous forme liquide.

Même si, pour l’heure, la question de la vie sur Mars reste ouverte, la question de la vie de Mars en tant qu’organisme géophysique devrait, d’ici au début de 2019, avoir des réponses. N’est-il pas tentant en effet de voir en SEIS un stéthoscope prenant le pouls de la planète et en HP3 un thermomètre prenant sa température ?


Pierre Barthélémy, base de Vandenberg (Californie), envoyé spécial.
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14 novembre 2018, 13:10


Des hommes sur Mars d’ici 25 ans ? Le Monde avec AFP, 14 novembre 2018.

L’agence spatiale américaine doit résoudre des problèmes de temps de trajet et de radiations avant de pouvoir envoyer un humain sur la planète rouge.
Le scientifique de la Nasa James Gavin détaillant les projets de son organisation à 25 ans, le 13 novembre 2018 à Washington. 


Objectif Mars pour la Nasa et ses astronautes, même si ces derniers devront résister à des radiations mortelles, des potentielles pertes de vision et à l’atrophie des os, ont expliqué mardi des experts de l’agence spatiale américaine. Selon eux, l’homme pourrait fouler le sol de la planète rouge d’ici 25 ans.

« Avec le budget actuel, ou un budget un peu augmenté, cela prendra 25 ans pour régler ces problèmes », a prédit l’astronaute à la retraite Tom Jones, qui a raccroché les bottes en 2001.

Et ces problèmes sont de taille : située en moyenne à 225 millions de kilomètres de la Terre, Mars est à neuf mois de trajet.

Propulsion nucléaire
Neuf mois sans gravité pour des astronautes, alors que les scientifiques mettent en garde contre des périodes en apesanteur trop longue, puisque susceptibles d’altérer les vaisseaux sanguins dans la rétine, causant une dégradation de la vision. Un séjour prolongé dans l’espace entraîne également une perte de calcium dans les os.

Difficile donc d’évaluer précisément pour les scientifiques les effets qu’aurait une mission d’un an sur Mars. « Il faut que l’on commence dès maintenant à se concentrer sur certaines technologies clés », a expliqué M. Jones à des journalistes à Washington.

La solution pour épargner le corps humain passerait selon lui pas une réduction du temps de trajet vers Mars, via notamment des systèmes de propulsion nucléaire.

La sonde InSight bientôt arrivée
Il faut également trouver une solution au problème des radiations. En un trajet vers Mars, un astronaute en absorberait autant que pendant l’intégralité de sa carrière. « Nous n’avons pas encore la solution en matière de protection des rayons cosmiques et des éruptions solaires », a reconnu Tom Jones. Mais les experts ont identifié plusieurs technologies à développer, notamment concernant le départ de la planète.

En attendant d’envoyer des humains, la Nasa a lancé en mai une sonde, InSight, qui doit se poser sur Mars le 26 novembre.

Le but de cette mission à 993 millions de dollars : étudier sa structure interne pour mieux comprendre comment se forment les planètes rocheuses du système solaire.

Une autre mission doit permettre, en 2020, d’envoyer un nouveau rover sur Mars pour déterminer l’habitabilité de l’environnement martien et chercher des signes de vie ancienne.


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14 novembre 2018, 13:30


Sinon cette belle photo d'Eugene de Salignac, prise en 1914 sur le Brooklyn Bridge, vue dans un Libé récent :


Le commentaire ci-dessous vient de là :

The photograph above (officially called “Brooklyn Bridge showing painters on suspenders”) is perhaps the best-known image taken by Eugene de Salignac, a city employee who took municipal photography of most major New York structures during the early 20th century.

His work had never appeared in a gallery until 2007, almost 65 years after his death. His exquisite eye rendered otherwise ordinary shots with a captivating grandeur; this was certainly beyond the call of duty of his responsibilities for the Department of Bridges (later named the Department of Plant and Structures) for which he worked from 1906 to 1934. In all, it’s estimated the city owns about 20,000 glass-plate negatives taken by de Salignac.

On September 22, 1914, de Salignac headed to the Brooklyn Bridge to observe workers painting the bridge’s steel-wire suspension. Perhaps a bit inspired by modern artistic photography of the day, the normally workaday photographer returned to the bridge a couple weeks later, on October 7.

To quote Aperture: “The image was obviously planned, as evidenced by the relaxed nature of these fearless men who appear without their equipment and are joined, uncustomarily, by their supervisor.”

It was, generally speaking, an unspectacular day for the 31-year-old bridge. It’s believed that the original color of the Brooklyn Bridge was ‘Rawlins Red’ although by this time, the vibrant color might have been replaced with the less dramatic ‘Brooklyn Bridge Tan.’ Can you imagine what this image would have looked like in color?

I would like to think de Salignac took some inspiration from photographers like Paul Strand who were beginning to see New York City as a set of geometric abstracts (...) De Salignac returned to the bridge to several times to catch more workers in the act of maintaining the bridge. Such as this photograph the following year:


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14 novembre 2018, 14:00

Bientôt le match de l'après-midi à Londres :


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14 novembre 2018, 17:00

Djoko a gagné en deux sets, 64-61

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14 novembre 2018, 17:00

Fin annoncée (depuis longtemps ?) du cash :





















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