Grayson Perry, Alt-Right, choses lues

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30 octobre 2018 -- 17:40




Vu au Mudam dimanche dernier, deux vases fascinants de Grayson Perry dans la (petite) expo « Arts & Crafts » par ailleurs bien sympathique. Voici que l'artiste investit la Monnaie de Paris – courez-y ! Libé y était :

Grayson Perry, satire de partout

Par Clémentine Mercier — 26 octobre 2018 à 17:06

Tapisseries clinquantes, poteries à histoires… À Paris, l’artiste travesti anglais à l’humour corrosif réhabilite les arts décoratifs, bouscule les genres et s’amuse des frontières entre bon et mauvais goût pour mieux servir la critique de ses contemporains.

Les ours en peluche consolent les petits garçons. Celui de l’artiste Grayson Perry trône dans la flamboyante monographie que lui consacre la Monnaie de Paris. Prénommé Alan Measles («Alan», du nom du meilleur copain de l’artiste enfant et «Measles» comme la rougeole qu’il a contractée à 3 ans), le nounours se retrouve sous forme de figurines, de pièces de monnaie ou de tapisserie. Pour sa première exposition en France, le populaire artiste britannique, titulaire du so prestigieux Turner Prize, a fait une place de choix à son doudou d’enfance. L’ourson siège dans un coffre à bagages en forme de petit autel à l’arrière d’une moto rose. Car Grayson Perry tient à montrer la part fragile des hommes, autrefois des petits garçons sensibles. A l’ouverture, Perry a tenu à faire le show, parlant près d’une heure d’affilée avec force vocalises et rires gras. L’assistance pouvait croire à une performance de stand-up, un talent flagrant que l’artiste pense développer. Habillé en Claire, son double féminin, Grayson Perry a commenté chacune de ses pièces de sa grosse voix grave, contrastant fortement avec la tenue de petite fille choisie ce jour-là. Avec un imposant nœud rose dans les cheveux, un col Claudine et des chaussures rouge-vernis à cœurs, Claire-Grayson ressemblait à une caricature de fillette modèle. « Je me travestis car j’aime ça. Ce n’est pas de la performance », lançait-t-il à la cantonade. Perry ne cherche d’ailleurs pas vraiment à être féminin. Marié à une psychothérapeute, il a une fille. Il reconnaît qu’il s’est créé avec Claire une « silhouette » immédiatement reconnaissable, une identité-logo, comme Gilbert & George. « Le personnage de Claire me fait une bonne pub », confie-t-il avec un rire bruyant. « Je suis un pervers »enchaîne-t-il avec un rire sardonique…

Ours en peluche
Grayson Perry est, de toute façon, une personnalité à facettes multiples : plasticien, présentateur de séries télévisées, écrivain… « Quand j’ai gagné le Turner Prize, les journalistes m’ont demandé : "Êtes-vous un artiste sérieux ou un comique ?" J’ai rétorqué que j’étais les deux et qu’il fallait faire avec. » Cette alchimie entre le sérieux et le burlesque en fait un roi de la satire sociale, dans la pure tradition du XVIIIe siècle. Sa stratégie pour servir sa critique moqueuse ? Ramener les marges au centre, le mineur en majeur. Cela commence par donner sa place à la féminité.

Né en 1960 dans l’Essex, l’artiste n’a pas de bons souvenirs d’enfance. Sa mère a une aventure avec le laitier. Son père quitte le domicile familial et le beau-père, violent, s’installe à la maison. « J’ai eu une enfance dysfonctionnelle comme on dit. Normale mais avec de la violence, un divorce, des cris… » Son ours en peluche devient un confident, un alter ego et un modèle masculin de substitution, aussi puissant qu’un dieu. À 12 ans, le petit Perry aime se travestir et chipe des vêtements à sa mère et à sa sœur. Depuis, Grayson Perry est un homme qui aime porter des robes et fait son coming out en robe jaune dans une galerie en l’an 2000. «Je vais toujours aux toilettes pour hommes. J’en fait un point d’honneur», plaisante-t-il. À l’entrée de l’expo de la Monnaie, quelques-unes de ses plus belles tenues sont sous vitrine. Et c’est en robe mauve bouffante, socquettes et babies aux pieds qu’il reçoit le Turner Prize en 2003, comme une Alice dégingandée.



Ces costumes féminins - souvent dessinés par ses élèves ou par des couturiers - sont des porte-voix pour moquer le sexisme ambiant. Alors que la crise du travail dépossède les hommes de la domination sociale, Grayson Perry les enjoint à laisser parler leur part féminine. The Descent of Man (1), son livre publié en 2016 (non traduit), est une analyse des masculinités toxiques.« C’est un essai anthropologique sur la crise de la virilité contemporaine avec des propositions pour libérer les hommes du poids qu’ils portent depuis des siècles, ce poids qui les oblige à se montrer forts et puissants, à cacher leurs sentiments. Tout cela dans le but de créer une société plus juste, où les rôles entre hommes et femmes seraient plus équilibrés », explique Lucia Pesapane, commissaire de l’exposition. Dans la première salle, une gravure le montre nu en Olympia, avec des seins, un pénis et son chat Kevin (Artiste allongé, 2017) ; son doudou est juste à côté. Pour la visite, il refuse un micro sans fil, « phallus du pouvoir ». Le mordant de sa satire est servi par ses dessins qu’il appose sur des pots, des immenses tapisseries ou des céramiques murales. Ramener le trait de l’outsider art au centre fait partie de sa méthode. Et comment ne pas rapprocher son dessin de celui d’Henry Darger, ce peintre américain solitaire, orphelin et passé par un hôpital pour handicapés mentaux, dont on découvrit, après sa mort, les 15 000 pages de l’épopée The Story of the Vivian Girls

Robes de princesses
L’œuvre de Darger, que Grayson Perry a vu dans une exposition marquante en 1979 à la Hayward Gallery, influence le Britannique : graphisme proche des comics, filles avec des pénis - Darger les représentait avec un sexe masculin -, sujets de maltraitance, de crime… Comment ne pas voir en Grayson Perry un avatar des Vivian Girls ? Il en adopte la silhouette. Tout en s’appropriant les attributs de la féminité, l’artiste use des moyens d’expression traditionnellement relégués au second plan, comme la poterie et la tapisserie. Il le théorise ainsi : « La poterie vient des marges maléfiques de l’art : l’artisanat et les arts décoratifs. Les beaux-arts seraient le centre tandis que l’artisanat et les arts appliqués appartiendraient aux franges embarrassantes. J’ai toujours travaillé sur l’idée de classes et de goût. » Le vase Bon et Mauvais Goût(2007), en céramique émaillée, juxtapose malicieusement dessins érotiques et page de catalogue de robes de princesses. Sur une autre poterie, Jane Austen, cultissime écrivaine satiriste britannique, est amalgamée avec des images de magazines, de crime et de surveillance venues du quartier de Walthamstow où se trouve le studio de Perry. Passé par l’école d’art de Plymouth et débarqué à Londres en 1983, Perry a appris la poterie dans des cours du soir. Il fréquente à l’époque les clubs de la contre-culture et habite dans un squat à Camden Town. « La céramique était mal vue quand il a commencé dans les années 80. Personne ne travaillait cette matière. Grayson Perry voulait être à contre-courant mais il dit aussi qu’il a choisi ce matériau parce qu’il était facile et bon marché : il n’avait pas d’argent » explique la commissaire. Pour Notre Père et Notre Mère (2009), deux sculptures pleines de détails, il utilise la fonte, plus industrielle, plutôt que le bronze, naturellement affilié aux beaux-arts.
Expulsion From Number 8 Eden Close (2012), tapisserie 200x400 cm. 

À la Monnaie, d’immenses tapisseries générées par ordinateur concentrent l’art satirique de Grayson Perry. The Vanity of Small Differences - six œuvres sont présentées à Paris - narrent la vie de Tim Rakewall comme une bande dessinée géante. Alter ego contemporain de Tom Rakewell, héros de la Carrière d’un libertin du peintre et graveur William Hogarth (1733-1735), Tim, élevé par une mère accro au smartphone, grandit dans le culte du football, s’extrait de la classe ouvrière, s’émancipe professionnellement grâce aux nouvelles technologies, possède tous les attributs de la bourgeoisie (cocotte en fonte Le Creuset, cafetière design et bibliothèque), mais divorce et crève violemment au volant de sa Ferrari. Le visage du cuisinier Jaimie Oliver britannique, icône de la mobilité sociale, flotte comme celui d’un ange.
#Lamentation (2012), tapisserie 200x400 cm

« L’hypocratie de l’art ! J’adore !  »
Conte pessimiste de la modernité, façon fresques Renaissance, ces grandes images colorées décrivent une impossible ascension sociale : « Vous pouvez faire sortir le garçon de la classe populaire, mais vous ne pouvez pas faire sortir la classe populaire du garçon », conclut l’artiste à propos de son antihéros.
Selfie with political causes, (2018)

Si Grayson Perry moque les vanités contemporaines, il brocarde aussi l’art politique et la bonne conscience des œuvres écolos par exemple (Selfie sur fond de causes politiques). Une foire d’art contemporain n’est-elle pas « l’événement le moins écologique du monde » s’interroge-t-il ? « L’hypocratie de l’art ! J’adore ! » L’artiste n’en déplore pas moins le Brexit. Sur la façade de la Monnaie de Paris, une photo montre Claire-Grayson avec un drapeau européen. Un cliché qui nous évoque le pamphlétaire irlandais Jonathan Swift : « La satire est une sorte de miroir dans lequel les spectateurs découvrent généralement le visage de tout le monde, mais pas le leur. » 
(1) Editions Allen Lane.
Clémentine Mercier 
Vanité, identité, Sexualité de Grayson Perry à la Monnaie de Paris, 11,  quai de Conti (75006). Jusqu’au 3 février 2019.

[hypocratie : « hypocrisie + démocratie », système qui tend à priver la population de ses propres choix (NduTaulier)]
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30 octobre 2018 -- 18:00

Et pour ceux qui aiment l'Art brut (il y en a), une expo où le taulier se rendra :

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30 octobre 2018 -- 18:05

Dans le Libé du w.-e. dernier, les mots du national-populisme – beau travail graphique [avec deux ratés/pas ratés – B + U, et un Yoga qui m'a fait rire (jaune)] :












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30 octobre 2018 -- 18:30

Chevillard :
« Le poisson ne pue qu'au sortir du bain »
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L'homme est un loup (à pédales) pour l'homme :
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30 octobre 2018 -- 18:40

L'info du jour, reçue de Jean S.

Un musée de Colombie ouvre ses portes aux nudiste(AFP agence)



Une nouvelle victoire pour les naturistes. Un musée de Colombie, consacré à un artiste peintre local connu pour ses tableaux de nus, a ouvert spécialement ses portes aux nudistes, qui durant le week-end ont pu admirer ces œuvres d'art sans avoir à porter le moindre vêtement.

La maison-musée du peintre colombien Pedro Nel Gomez, situé à Medellin (nord-ouest), deuxième ville du pays, a ainsi accueilli près d'une soixantaine de visiteurs dénudés qui ont en outre pu bénéficier d'une visite guidée.

«L'objectif de cette activité est artistique et lié aussi au développement de l'être humain en relation avec la liberté de vivre nu», a déclaré Rafael Sandoval, chargé de communication de la Communauté nudiste Otro Cuento, initiatrice de l'expérience.

Dans le cadre de son exposition Le nu, manifeste et liberté, le musée présente durant les prochains mois 120 œuvres de Gomez, connu pour ses tableaux érotiques, décédé en 1984.



Rafael Sandoval, chargé de communication de la Communauté nudiste Otro Cuento : « L'objectif de cette activité est artistique et lié aussi au développement de l'être humain en relation avec la liberté de vivre nu »

« Je connaissais certaines œuvres de Pedro Nel, mais je ne savais pas qu'il y avait autant de nus. C'était incroyable d'être nus parmi tant de nus », a témoigné Ana Castañeda, 30 ans, qui a découvert «le merveilleux» monde du nudisme il y a un an et demi.

Selon Sandoval, la visite organisée samedi était exceptionnelle car, si des «expériences similaires» ont eu lieu à Paris et Vienne, elles étaient ouvertes aussi bien à des visiteurs habillés que nudistes. «Il est probable qu'elle se répète, mais cela dépend du musée», a précisé le porte-parole de l'association qui compte environ 800 nudistes.

Le peintre et sculpteur Pedro Nel Gomez, qui a été exposé dans d'autres villes, dont Rome et Bogota, a souvent scandalisé la très conservatrice société colombienne avec des œuvres revendiquant l'état de nature et le sens esthétique du corps humain par le nu.
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30 octobre 2018 -- 18:50

Un « ragazzo » splendide, de Guy Gilles, bien décrit par Marcos Uzal dans Libé – absent de la galerie Gutknecht, semble-t-il, laquelle expose d'autres travaux :


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30 octobre 2018 -- 18:50

Sinon quoi, à Bercy (pardon, le Rolex machin Paris) ?


Et bien ça joue pour l'instant – mais aucune image disponible (gratos) en Belgique...

En attendant les cadors, je sors.
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